Sauvage, sublime Lozère : échappées en liberté-
La Lozère ? C’est le département le moins peuplé de France, et c’est sans doute l’un des plus beaux. Dans ces vastes espaces loin des grands axes, où la nuit noire révèle des millions d’étoiles, se révèle un pays sauvage et secret.
Les montagnes sont âpres et belles, peuplées de bergers solitaires et de maisons de pierres noires : les mythiques Cévennes à la météo théâtrale, la Margeride et ses forêts aux allures de petit Canada, l’Aubrac et ses burons. Ici la faune s’épanouit loin des hommes : les vautours tournoient au-dessus des gorges, les renardeaux bondissent sur les grands causses, et dans le Gévaudan, on se souvient de l’ombre de la bête mythique. On lit dans les sentiers estompés des Grands Causses des millénaires d’histoire si lente, et qui regarde de plus près décèlera les mystères des siècles oubliés ; grottes sculptées par l’érosion patiente, menhirs, dolmens et dolines tracent la carte d’un pays magique. En bordure des plateaux, ce sont les gorges mythiques, celles du Tarn et de la Jonte, qui peuplent l’imaginaire de fantasmagories et de visions infiniment poétiques. La Lozère est sublime et intacte, un terrain de jeu rêvé pour les idéalistes et les aventuriers qui ont besoin d’espace pour prendre leur envol…
J’ai eu plusieurs fois le plaisir d’arpenter ce pays de calcaire et de légendes, souvent en prolongeant le plaisir des solitudes superbes en arrivant par l’Ardèche et en repartant par l’Aveyron. En septembre dernier, je vous emmenais dans les gorges du Tarn, un des paysages de France que j’aime le plus. Je suis cette fois revenue pour monter à cheval sur les grands causses, survoler les collines en ULM, découvrir le village classé de La Garde Guérin, acheter un jean made in France à Florac, dormir dans un château magique au creux des gorges du Tarn et continuer ma collection de paysages sublimes… Que faire en Lozère ? Voici une collection d’expériences inoubliables.
Féeries géologiques de Lozère : gorges, dolmens, dolines et avens
Nous sommes dans le cœur sauvage de la France, ce pays de grands causses battus par les vents, de troupeaux et d’animaux sauvages, de beauté âpre et radicale. Et c’est aussi le pays des curiosités géologiques. Cette terre calcaire est un véritable chevalet d’artiste, creusée, sculptée, livrée aux caprices de l’érosion. Que c’est beau, partout, tout le temps !
Survoler les gorges en autogyre et découvrir les menhirs de la Cham des Bondons
Cela restera un de mes
plus beaux souvenirs de cette année. J’ai survolé les grands causses en autogyre
avec ULM Lozère à Mende, une expérience que je n’oublierai jamais. Les Gorges
du Tarn lézardent les causses comme un immense serpent scintillant, une vision
d’une poésie incroyable. Je me souvenais de la beauté de Sainte Enimie, avec
son pont digne d’un livre de contes, lovée au fond d’un méandre du Tarn sous
ses toits d’ardoise. Elle est aussi belle et mystique vue du ciel, une
citadelle de la rivière aux airs d’heroic fantasy.
Les gorges du Tarn sont pure merveille. Si vous me demandiez de citer cinq sites naturels à voir absolument en
France, je vous parlerais d’elles aussitôt, elles me fascinent depuis toujours.
Inutile de vous dire que ce survol en autogyre restera inoubliable… J’aime
tellement la France pour sa capacité inouïe à créer du dépaysement et de la
magie à deux pas de chez soi. Et la Lozère a vraiment ce surcroît de sublime
qui fait battre les cœurs. C’est un endroit où le cœur a la place de battre et
les yeux de s’ouvrir tout grand.
Du ciel, on voit aussi un impressionnant réseau de ruines gallo-romaines. Dans ces immensités solitaires se dessinent les ombres de villes et de vias. La Lozère fut autrefois beaucoup plus peuplée qu’aujourd’hui : à l’époque gallo-romaine, puis au Moyen Âge, elle était un pont entre Massif central et Méditerranée, une grande route de commerce et une importante surface agricole. Les ruines de villas romaines sont nombreuses. Sur la Cham des Bondons, dans un paysage de légende druidique, se trouve la 2ème plus grande concentration de menhirs de France. Il y a Carnac, et il y a la Lozère. J’en avais des frissons. Je suis revenue les admirer de plus près après ce vol enchanteur. Dans une lumière de fin du monde, suspendue entre averse de printemps et rayons drus, se détachent ces dolmens solitaires.
Enfin, le vol m’a permis de découvrir les dolines. Il s’agit d’une curiosité géologique : de légères cavités creusées dans le sol calcaire des causses, où les sédiments se sont accumulés, rendant le sol plus fertile. Depuis l’ère romaine, les agriculteurs choisissent les dolines pour cultiver les céréales, et aujourd’hui encore, on voit ces étranges tâches vertes dans le paysage, témoignant de la présence d’une poche de culture au milieu du plateau aride. On dirait l’œuvre d’un extraterrestre inspiré, mais non, la géologie est ici la seule artiste !
Plongée sous la terre à l’Aven Armand
Après les cimes, les profondeurs… Parce que j’ai grandi à deux pas de l’Ardèche, terre de grottes et d’avens s’il en est (grottes de la Madeleine et de St Marcel, avens d’Orgnac et Marzal…), j’ai l’habitude de ces curiosités souterraines, des stalactites, stalagmites et autres dentelles. J’ai mes coups de cœur, la sublime Choranche dans le Vercors avec ses fistules d’une délicatesse rare, la grotte des Demoiselles dans l’Hérault avec ses dimensions impressionnantes, ou encore le mythique gouffre de Padirac dans le Lot et sa rivière souterraine. J’en ai vu beaucoup, mais je reste malgré tout curieuse de ces profondeurs sculptées par les millénaires patients dans le calcaire tendre des hauts plateaux. Le Causse Méjean compte des dizaines de grottes secrètes, lovées au creux de ses méandres immémoriaux, mais la plus belle de toutes, c’est l’Aven Armand. Et même si j’ai vu beaucoup, beaucoup de grottes dans ma vie… je n’ai pas regretté de prendre le temps de découvrir celle-ci. Ce qui rend l’Aven Armand spéciale et spectaculaire, c’est tout d’abord le nombre et la dimension des stalagmites : pas moins de 400, la plus grande forêt de stalagmites de France ! Ensuite, c’est le type particulier de concrétions qui se sont développées ici : la chute des gouttes d’eau depuis les hautes voûtes a créé des « piles d’assiettes », comme autant de champignons fantasmagoriques que l’éclairage met en valeur. La visite, qui rend hommage à Jules Verne, est divertissante et colorée. Un joli moment sous la terre.
A la rencontre de la vie sauvage en Lozère : chevaux, renards et vautours…
Je n’ai jamais vu tant d’animaux sauvages en France que lors de ce séjour en Lozère.
Les renards traversent les routes devant moi et lorsque je photographie ils s’arrêtent quelques instants, curieux, pour me dévisager en silence.
Dans les gorges de la Jonte, ce sont quatre espèces de vautours qui nichent dans les parois spectaculaires, y compris le gypaète barbu, espèce protégée récemment réintroduite. Avec ses grands espaces, son immensité solitaire, la Lozère est un véritable jardin d’Eden pour la faune qui prend ses aises, est libre de s’installer, se reproduire, gagner du terrain. On peut venir à la rencontre des géants des canyons à la Maison des Vautours, à St Pierre des Tripiers.
Au-dessus des gorges s’ouvre le plus haut des plateaux caussenards, le Causse Méjean. C’est un petit bout du monde où le réseau téléphonique disparaît et où le ciel immense roule sur les moutons laineux. Nous entrons dans le royaume des chevaux.
Les chevaux sauvages de Lozère
Ce sont les derniers chevaux sauvages du monde : les chevaux de Przewalski. Avec leur raie de mulet, leur crinière noire et drue, leur robe isabelle (fauve clair), ils ressemblent étrangement à ceux qui peuplent les fresques pariétales, sur les parois des grottes ornées par les hommes préhistoriques – Lascaux, Chauvet, Pech Merle. Ce sont des fossiles vivants, de véritables miracles.
Ils sont un phénomène à part dans l’espèce chevaline. Les
brumbies en Australie, les mustangs aux USA, les chevaux de Namibie, sont des
chevaux féraux : des chevaux domestiques qui se sont enfuis et sont
revenus à la vie en liberté. Mais les Przewalski sont un cas à part, rétifs à
toute bride. Jamais domestiqués, ils peuplaient les plaines immenses d’Asie
centrale. Les Mongols, Gengis Khan et ses fils, étaient fascinés par eux, mais ne
pouvaient dompter ce cheval rescapé de la nuit des temps. Laurent Tatin, le
responsable scientifique de l’association Takh, me raconte que les Mongols
attachaient leur jument la nuit dans la plaine, là où venaient les chevaux sauvages,
pour qu’elles soient fécondées par un cheval de Przewalski. Mais le produit de
cette union restait sauvage – il fallait trois générations pour pouvoir dresser
l’animal.
Parce qu’ils ne pouvaient être chevauchés, les Przewalski ont été chassés pour
leur viande. Dans les années 1970, l’espèce est déclarée éteinte à l’état
sauvage : les derniers spécimens vivent en captivité, dans des zoos.
C’est alors que naissent en Europe plusieurs projets de réintroduction. L’association Takh – cheval sauvage en mongol – porte une ambition originale : élever en Lozère un troupeau de Przewalski dans les conditions de la vie sauvage, afin de pouvoir ensuite les réintroduire en Asie centrale.
Le Causse Méjean, cet immense plateau montagnard traversé par les chaleurs torrides de l’été et les vents froids de l’hiver, était le candidat idéal. Ce territoire âpre et isolé ressemble étonnamment aux grandes steppes de Mongolie : les hivers sont rigoureux (jusqu’à -20 ici, contre -35 là-bas), le paysage ouvert, la végétation rase. Dans ce milieu steppique, on retrouve les mêmes graminées qu’en Asie centrale, comme la stipa. Ce pays du bout du monde est devenu la terre d’accueil des chevaux sauvages.
Avec un élevage en sélection naturelle, sans intervention humaine, Takh veut constituer des troupeaux fonctionnels, qui soient aptes à être ensuite réintroduits en Asie centrale. En 2004 a eu lieu la première réintroduction de chevaux de Przewalski à l’ouest de la Mongolie. Elle fut un succès : à partir des 22 chevaux lozèrois s’est formé un groupe qui compte aujourd’hui 89 individus.
On compte en ce moment 29 chevaux de Przewalski sur le Causse Méjean. On ne peut les approcher de trop près, mais on peut venir les contempler, d’autant que l’organisation Takh propose des stages d’observation scientifique, pour les étudiants et les curieux passionnés de vie sauvage. C’est une émotion forte que de voir surgir au détour d’une colline ces petits chevaux isabelle qui portent des zébrures noires aux membres, qui broutent paisiblement les herbes et les chardons du causse, et de les savoir rescapés de la nuit des temps. On vient sur le Causse Méjean pour goûter à l’immensité et à la liberté.
Chevauchée sauvage avec les Ecuries du Méjean
Sur le Causse Méjean, il y a des chevaux sauvages, mais il y a aussi les chevaux d’endurance de Béatrice, aux Écuries du Méjean.
Béatrice élève des purs sang arabes pour les grandes courses d’endurance, comme la 160km de Florac. Elle vit au milieu des immensités entourée de ces chevaux arabes vifs et délicats, aux naseaux frémissants et au cœur généreux. Elle propose aussi des balades sur le Causse, mais aux cavaliers confirmés seulement, car ses chevaux sont des chevaux de sport, avec de la personnalité.
La promenade est sublime. Nous longeons les gorges de la Jonte,
et je vois tournoyer au-dessus de nos têtes les vautours. Ils jettent leur
ombre sur la gorge, et dessinent des cercles entre les convois de nuages qu’un
léger vent fait rouler sur les grands causses. On repense à des westerns, à des
histoires de grandes traversées épiques. Sous les sabots de nos chevaux
s’étendent des chardons bleus et de cardabelles, la fleur emblématique des
grands causses : une sorte d’artichaut sauvage au cœur doré, ouvert comme un
soleil jeté sur le sol.
Ici en Lozère, les chercheurs d’or trouvent des cardabelles, des orchidées
sauvages, et des constellations. Quand on passe une nuit aux chambres d’hôtes
des écuries du Méjean, on admire un ciel piqueté de milliers d’étoiles, et on
goûte à cette vraie nuit des terres loin de tout, qu’épargnent les lumières des
villes. La liberté…
A cheval ou en kayak, sublimes gorges du Tarn
Pour qui rêve de montures plus douces et dociles que les fougueux princes arabes, rendez-vous aux écuries Chevaux au vent, à Rieisse, sur l’autre bout du Causse Méjean. Si Cécile Dolez est elle aussi amoureuse d’endurance, et tient un petit élevage de chevaux arabes, elle a choisi d’utiliser pour le tourisme équestre des chevaux et poneys de balade. On vient ici pour une promenade en famille, où le rythme paisible permet de savourer le paysage contrasté du plateau, plus boisé et vert de ce côté-ci. Nous sommes au-dessus des gorges du Tarn, et la promenade offre un point de vue sublime sur La Malène, un des villages les plus célèbres de la gorge. Dans ce hameau de conte de fées en bord de rivière, on vient admirer les formations géologiques spectaculaires : l’érosion a sculpté au-dessus du Tarn des doigts de géants, des visages mystérieux et des créatures fantasmagoriques. Le mari de Cécile est batelier à La Malène, une très ancienne corporation qui propose de descendre la rivière en douceur, dans une barque traditionnelle. Les sportifs préféreront le kayak, car le départ depuis La Malène est souvent considéré comme le plus beau des gorges du Tarn. On traverse à la rame un paysage digne d’un film fantastique : les Détroits, où le Tarn se resserre et semble nous écraser entre des falaises majestueuses, et le Cirque des Baumes, où d’énormes monolithes se dressent comme autant de géants assoupis. J’avais raconté cette superbe descente en kayak dans mon article sur les Gorges du Tarn.
Le lac de Charpal, petit Canada en Margeride
C’est un lac que le printemps borde de jonquilles, et l’été de myrtilles, c’est un éden de sapins et de chemins perdus le long de l’eau qui m’évoque les cartes postales du Canada. Il fait bon flâner au bord du lac de Charpal, et voir les écureuils roux bondir dans les branches…
Vacances en Lozère : patrimoine et bonnes adresses
Après avoir exploré la Lozère côté nature, je vous propose d’explorer ses villages, ses châteaux et ses bonnes tables…
Un des plus beaux villages de France en Lozère : La Garde-Guérin, perle des Cévennes
Les villages sont plus rares qu’ailleurs, mais ils semblent vouloir nous récompenser d’avoir longtemps roulé pour les dénicher : véritables concentrés de splendeur rugueuse et authentique, ils rehaussent la beauté du cadre naturel par leur architecture remarquable. Je vous ai parlé, côté gorges du Tarn, de Ste Enimie, St Chély du Tarn, Castelbouc, La Malène, autant de funambules sublimes sur la rivière. Partons cette fois au cœur des montagnes. La Garde Guérin, forteresse des Cévennes, rassemble toute sa splendeur médiévale intacte sur un éperon rocheux au-dessus des gorges du Chassezac. La Garde Guérin est la véritable perle des Cévennes, une beauté médiévale parfaite.
C’est un sublime village fortifié datant du XIIe siècle, au cœur des montagnes, avec une vue imprenable sur le Mont Lozère et sur la saisissante gorge du Chassezac, un canyon de granit profond de 400m. Dans ce paysage âpre et sublime, battu par les vents, des chevaliers pariers gardaient la grande route de la Regordane, qui reliait le Massif Central à la Méditerranée. Il faut imaginer l’endroit traversé par les marchands, les guerriers, les chevaliers, les mystiques, tout un peuple médiéval de saints et de vauriens, d’honnêtes gens et de rusés, qui arpentait la France, du Massif Central à la Méditerranée. La confrérie des chevaliers pariers protégeait le village, et mon guide a su me montrer les mille traces parfaitement préservées dans le sol et les murs de leur empreinte. L’état de préservation de La Garde Guérin est remarquable, notamment dans l’église, puissante, mystique, riche d’un symbolisme complexe qui n’a été entièrement élucidé que très récemment.
L’endroit est si beau et bien préservé qu’il est classé aux plus beaux villages de France, et j’ai été saisie par l’atmosphère extraordinaire de ce lieu solitaire et mystique. Cela restera un de mes plus beaux souvenirs de Lozère : le cœur sublime des Cévennes. Il faut absolument faire un tour au point de vue sur les gorges du Chassezac, en contrebas du village. Contrairement aux gorges du Tarn, de l’Ardèche ou de la Jonte, qui sont sculptées dans le calcaire, le Chassezac creuse à cet endroit-là son sillon dans le granit, et le panorama est spectaculaire : un mille-feuille de granit qui présente une vraie originalité géologique.
De plus, le village est attachant, dynamisé par des projets forts, comme le Comptoir, où on vend et sert des produits 100% locaux de grande qualité toute l’année. J’ai été très touchée par cette boutique originale et ancrée dans son terroir. Chaque jour, on y sert un plat de viande, un plat de poisson et un plat végétarien, toute l’année – même au cœur de l’hiver, La Garde Guérin accueille ses visiteurs. Les produits sont extrêmement variés, des livres d’information sur les Cévennes aux spécialités gastronomiques, en passant par l’artisanat d’art. Faites-y un tour, c’est le visage d’une France pleine d’idées et de créativité, cela fait chaud au cœur !
J’ai déjeuné à l’auberge de la Regordane, un restaurant installé dans une belle maison du XVIe siècle, sous les voûtes anciennes. C’est aussi l’adresse à retenir pour dormir ici, au cœur des Cévennes !
Trois châteaux magiques en Lozère
Après la Garde Guérin, j’ai voulu continuer mon tour des
châteaux lozériens…
Au détour d’une route sinueuse surgit le Château du Champ, à Altier dans
les Cévennes. Cette superbe forteresse qui appartenait à une des plus vieilles
familles du Gévaudan ne se visite pas, mais la vision saisissante inspire les
photographes…
Deux autres châteaux permettront, eux, de s’attarder pour un déjeuner ou une nuit… et s’accordent pleinement à ce décor de conte de fées.
Le charme raffiné du château d’Ayres, à Meyrueis
J’ai déjeuné à l’ombre des grands marronniers dans ce magnifique château historique, ancien monastère bénédictin devenu hôtel 4*. Les façades couvertes de vigne vierge, l’élégant bassin, la gentillesse du personnel et l’érudition du propriétaire venu raconter aux convives d’un jour l’histoire de ces pierres solennelles, tout m’a séduite. Le château est situé au pied du Causse Méjean, dans un joli vallon. Il possède sa piscine intérieure et l’intérieur a un style XVIIIe ravissant. C’est une escapade romantique qui a le charme des vieilles demeures aristocratiques : vous évoluerez au milieu des objets anciens, des œuvres d’art choisies avec soin et des histoires de famille. Le lieu m’a séduite… Les prix vont de 99 à 182 euros par nuit.
Un rêve qui se réalise : le Château de la Caze, dans les gorges du Tarn
Une longue histoire de rêveries d’enfant me lie au château de la Caze. Lorsque je suis venue pour la première fois dans les gorges du Tarn avec mes parents, je leur avais demandé de m’acheter une carte postale des gorges sur laquelle on voit un château romantique trôner au-dessus des eaux, une vision si belle qu’elle en paraît presque onirique. J’ai accroché la carte postale au-dessus de mon lit sans connaître le nom du lieu.
En septembre dernier, lorsque je suis revenue passer un week-end dans les gorges du Tarn, j’ai eu un choc : je l’avais retrouvé, le château de ma carte postale ! Cet endroit qui avait peuplé mes songes de gamine, c’était lui, le Château de la Caze…
Cela a été un grand bonheur de pouvoir cette fois y passer la nuit (dans une ambiance digne d’un film de cape et d’épée : un orage dantesque a éclaté au milieu de la nuit, des trombes d’eau se sont déversés sur le toit vénérable du château, je m’attendais à voir sortir le fantôme d’un chevalier ayant péri sur la route des croisades !).
Ce château du XVe siècle, classé Monument historique, a su cultiver l’atmosphère médiévale à souhait : les murs épais, les statues, la décoration, tout vous plonge à l’aube des temps modernes, à l’heure des derniers chevaliers errants. (Pour les plus modernes d’entre nous, il comporte toutefois une très belle piscine, qui ne me semble pas être d’époque ;-)). Sa situation est sublime : à quelques encablures de Ste Enimie et de St Chély du Tarn, au cœur des gorges, niché sous le rocher, soulignant encore la beauté du lieu par la majesté de sa silhouette. C’est un des hôtels les plus romanesques que je connaisse, un véritable cadeau pour l’imaginaire… Certes, une nuit magique au Château de la Caze a un certain prix – il s’agit d’un 4*, membre du réseau Logis et classé Logis d’Exception – et il vous en coûtera environ 200 euros, mais c’est une expérience unique, follement romantique.
Mende, entre ciel et table à l’hôtel de France
Avec ULM Lozère toujours, j’ai eu le bonheur de survoler le petit mais joli chef-lieu de la Lozère, son plan de ville médiévale et sa gothique. J’aurais aimé visiter Mende, qui semble ravissante, mais au terme d’une longue, longue journée de road trip en Lozère, la fatigue m’a vaincue… et je me contenterai de vous conseiller une bonne adresse d’hôtel-restaurant : l’Hôtel de France. J’ai eu un vrai coup de cœur pour son restaurant, abrité par une magnifique verrière, et qui restera un de mes meilleurs souvenirs culinaires de Lozère. Tout était fin et succulent.
De bonnes tables en Lozère
Outre les lieux déjà cités (le château d’Ayres à Meyrueis, le château de la Caze à côté de Ste Enimie, l’hôtel de France à Mende, les restos de la Garde Guérin…), voici d’autres adresses à retenir pour déguster des produits typiques des Causses et des Cévennes, préparés avec soin :
- Sur le Causse Méjean, l’auberge du Chanet, une ferme caussenarde de pierre noire et de voûtes épaisses. On y savoure les spécialités de la Lozère, comme le pélardon, ce fromage de chèvre AOP des Cévennes. Dans cette maison traditionnelle au cœur d’un village minuscule, seule dans la nuit caussenarde, l’impression de dépaysement est totale…
- A Ste Enimie, La Tendelle. Le menu du soir était très axé viande – avec notamment l’agneau de Lozère – mais le chef m’a dit avoir toujours des options en réserve pour les végétariens, et je n’ai pas été déçue. J’ai eu droit à une fabuleuse assiette végétarienne avec omelette, légumes grillés délicieux… copieuse et excellente.
- A Florac, l’Adonis. Un de mes meilleurs repas en Lozère : frais, original, coloré, et 100% terroir, avec notamment un fabuleux plateau de fromages d’Occitanie. Je me suis régalée.
Des jeans et des artistes : la Lozère originale
Je finis cet article en vous parlant de deux initiatives originales qui ont attiré mon attention en Lozère.
Des jeans 100% made in France : Atelier Tuffery à Florac
Je vais vous parler de l’histoire de l’atelier Tuffery, rassurez-vous. Mais je vais commencer par vous raconter une anecdote qui dit tout.
J’ai acheté un jean chez Tuffery lors de ma visite, un jean en coton bio, teint à l’indigo naturel, 100% made in France, bref, un jean éthique, responsable, local, irréprochable. Je l’ai acheté principalement pour des raisons morales, à vrai dire : je voulais soutenir le made in France. Mais laissez-moi vous dire quelque chose : depuis que j’ai acheté ce jean, il a détrôné TOUS les autres. C’est simple, adieu les Levis, les Temps des cerises, toute ma garde-robe denim, je n’ai plus quitté ce jean. Vous en aurez la preuve en regardant mes articles de blog et mon Instagram des derniers mois : vous verrez le jean Tuffery faire le tour d’Europe, en Autriche, en Savoie, en Aveyron, à Versailles… il est allé partout, je ne le quitte plus, je suis quand même malheureusement obligée de l’enlever de temps en temps pour le laver parce qu’il faut bien, mais c’est tout. Il est beau, il est solide, tout tient bien, tissu, couture, braguette, bouton, il est classe, il me va merveilleusement bien, bref, dès que je retourne en Lozère, j’en achète un autre car je ne me remettrai jamais de sa perte éventuelle. Ce produit n’est pas qu’éthique, il est aussi et surtout beau, bien foutu, pratique, solide, durable, confortable. Je n’arrête pas d’en dire du bien au quotidien (et tout le monde me dit « qu’est ce que ce jean te va bien »).
Voici maintenant la belle histoire de l’atelier Tuffery. Parce que le jean est né à Nîmes – saviez vous que le mot « denim » vient de la « toile de Nîmes » ? -, les Cévennes ont été un des premiers lieux de production de ce vêtement de travail pratique, solide et peu salissant qui a conquis le monde entier. Quand Célestin Tuffery ouvre son atelier en 1892, il fait partie des pionniers du jean. Le commerce est florissant jusqu’aux années 1970, jusqu’à la grande crise du textile. On se met à faire venir tous nos vêtements de Chine, puis d’Asie du Sud Est. L’atelier en déclin devient confidentiel, mais tient bon, la petite production cévenole perdure. Et puis, dans les années 2010, le #madeinFrance revient à la mode. On se souvient du savoir-faire de nos artisans, et on commence aussi à se dire que de produire nos vêtements dans des ateliers sombres et polluants à l’autre bout du monde, ce n’est ni très éthique, ni très écolo. Julien Tuffery, 4e génération de tailleurs-confectionneurs, comprend le potentiel de l’entreprise familiale et la remet au goût du jour. Il raconte l’histoire de cette famille installée à Florac, entre Cévennes et gorges du Tarn, qui produit du jean 100% français depuis plus d’un siècle. Et ça marche. Aujourd’hui, Tuffery emploie une trentaine de personnes à Florac. Les ateliers se visitent, ils sont beaux, aérés, lumineux. Et les jeans sont magnifiques. La démarche écolo se veut de plus en plus poussée : utilisation du bleu de Gênes (indigo naturel), comme autrefois, pour éviter les colorants chimiques, coton bio, développement de jeans en chanvre, pour contourner le coton et faire du 100% français. Ils vendent (sur le site web de l’atelier Tuffery https://www.ateliertuffery.com/ et en direct à Florac) des jeans, des salopettes, des vestes, des chemises, des manteaux, en jean et aussi parfois en laine. Les produits sont magnifiques et d’une telle qualité… Les jeans coûtent entre 100 et 200 euros en moyenne (170 pour le mien, qui est teint à l’indigo naturel). Bien sûr, c’est un prix qui n’est pas accessible à toutes les bourses, j’en suis tout à fait consciente. Parfois, on achète du H&M parce qu’on a besoin de s’habiller et qu’on a pas le loisir de dépenser 150 euros pour un pantalon. Mais ce n’est pas plus cher que Levis, alors n’hésitez pas, si jamais vous avez le budget pour un Levis, allez plutôt voir ce que fait Tuffery – vraiment, je suis une cliente conquise.
Le vallon du Villaret
Depuis une trentaine d’années, cet insolite s’est imposé comme un incontournable du tourisme en Lozère. Le vallon du Villaret ? C’est un lieu atypique, qui mêle expositions d’art contemporain loufoques et audacieuses, parcours d’accrobranche en pleine nature, jeux pour les plus petits… Une sorte de musée et parcours sportif en plein air à la fois, au cœur d’une forêt et au bord d’une rivière, capable de séduire toute la famille : les petits pour les jeux, les ados pour le sport, les adultes pour l’art, la nature et l’atmosphère. Le site a beaucoup de succès, car il se renouvelle sans cesse, en accueillant en permanence de nouvelles œuvres qui sont souvent immersives : on peut entrer dans l’œuvre, la toucher, marcher dessus, en faire véritablement l’expérience. J’ai vu le vallon sous une pluie battante, ce qui m’a empêchée d’en profiter pleinement. Mais à en juger par l’enthousiasme non démenti qu’il suscite depuis une génération… il vaut le détour.
Ici s’achève mon beau périple en Lozère. Un immense merci à Lozère Tourisme et particulièrement à Elsa pour ce magnifique séjour. Je reste une amoureuse de la Lozère…
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le 25 septembre, 2019 à 15 h 27 min a dit :
Merci pour ce sublime article sur la Lozère. Cela donne très, très envie !
le 25 septembre, 2019 à 15 h 30 min a dit :
Merci beaucoup Guillaume, ton commentaire me touche beaucoup !
le 25 septembre, 2019 à 22 h 06 min a dit :
Un article bien complet qui donne vraiment envie de ressentir tout cet amour que tu décris pour cette région. Et le village de la Garde Guerin, wahou, il a l’air magique 😍.
le 26 septembre, 2019 à 7 h 17 min a dit :
Merci pour cet article magnifique Ariane, je ne connaissais pas du tout la Lozère, c’est complètement fou comme région. J’ai envie d’acheter une petite maison en pierre et d’y élever des petites chèvres ou des moutons. Merci de nous faire découvrir ainsi notre belle France… Bisous !
le 26 septembre, 2019 à 13 h 42 min a dit :
merci Ariane pour ce bel article. Tu a su retransmettre la beauté et la diversité des paysages lozériens.
Cordialement
Béa
le 27 septembre, 2019 à 6 h 47 min a dit :
Sublime voyage dans lequel tu nous emmènes… encore un département un peu oublié à découvrir absolument (je ne sais plus où donner de la tête ^^) Merci !
le 29 septembre, 2019 à 8 h 30 min a dit :
Quel beau voyage à travers cette terre lozérienne ! La Lozère est aussi dans mon top 5 des plus beaux départements français, et les gorges du Tarn sont de loin mes préférées. Un petit paradis sous-côté, dépaysant à souhait. Une ode à la déconnexion, et au contraire une reconnexion à la nature. Un territoire sans chichis, avec un petit air d’Asie centrale avec toutes ces steppes.J’aurais adoré visité cette fabrique de jeans à Florac, dommage, je n’en connaissais pas l’existence lors de mon séjour sur le Causse Méjean. Tout cela me fait penser qu’il faudrait, un jour que je parle de ce joli coin de France sur mon blog.
le 29 septembre, 2019 à 15 h 39 min a dit :
Sublime et lumineux cet article sur la Lozère ! C’est un guide ultra complet à lui tout seul ! Voilà qui donne des idées de tas d’activités à faire et de points d’intérêts à visiter ! J’ai même appris d’où venait le jean, ça alors, je ne savais pas du tout que ça venait de Nîmes 😀 ! Le château de la Caze a l’air magique, tu as dû te régaler ! Merci pour ce merveilleux article plein d’enthousiasme et de belles découvertes <3 <3 <3
le 2 octobre, 2019 à 11 h 30 min a dit :
Cet article sur la Lozère est sublime. Nous connaissons plusieurs sites que tu as visité comme le château du Champ, le Vallon du Villaret, la Margeride mais il nous reste encore tellement de sites à découvrir notamment les Gorges du Tarn ! Merci de nous rappeler les bons moments que nous avons passé là-bas !
le 12 octobre, 2019 à 13 h 44 min a dit :
SUPER cet article pour faire connaître et découvrir ce département le plus haut de France mais aussi, le moins peuplé en effet. Je retrouve très bien certains endroits où je suis passé en fin d’été avec mes chevaux ….
le 12 octobre, 2019 à 17 h 35 min a dit :
Merci pour votre commentaire ! Je vais voir sur votre blog tout de suite 🙂
le 3 novembre, 2019 à 18 h 54 min a dit :
[…] françaises, une tendance que j’applaudis des deux mains : moi qui ai adoré l’Aveyron, la Lozère, l’Orne, la Loire, la Saône-et-Loire, la Côte d’Or, l’Alsace, le Lot, le nord de la […]
le 7 novembre, 2019 à 12 h 50 min a dit :
[…] ou encore ces stalagmites qui ressemblent à des disques empilés (comme à l’Aven Armand, en Lozère). On pourrait passer des heures à explorer les curiosités de Padirac, et on remonte à la surface […]
le 28 novembre, 2019 à 17 h 49 min a dit :
Bonjour,
je vous suis plus ou moins régulièrement (plutôt plus) avec beaucoup d’intérêt mais la vous vous êtes surpassée. Je connais ce département plutôt bien , mon épouse ayant beaucoup de liens familiaux dans le coin. Exceptionnel reportage, donc fait avec, visiblement, beaucoup d’amour. Mais ce qui est proche de l’Aubrac ne peut qu’être magique!. Alors votre texte est magique.
Cordialement
le 29 novembre, 2019 à 14 h 21 min a dit :
Je vous remercie de tout coeur pour ce commentaire qui me touche énormément.
L’Aubrac m’a tellement marquée aussi ! j’y suis allée (côté aveyronnais, mais je ne doute pas de la beauté du côté Lozère) deux fois dont la dernière ce printemps pour les transhumances, et j’ai été subjuguée. Tant d’authenticité et de beauté brute dans ce territoire à l’identité si forte… Merci !
le 29 novembre, 2019 à 14 h 19 min a dit :
je n’ai pas compris les raisons de la disparition de mon mail plutôt enthousiaste?
le 29 novembre, 2019 à 14 h 22 min a dit :
Il n’avait pas disparu, il n’avait pas encore été validé 😉 Toutes mes excuses, parfois la modération me prend un petit peu de temps quand je ne suis pas sur PC (je modère pour éviter le spam). Merci encore !
le 29 novembre, 2019 à 18 h 00 min a dit :
excusez ma bévue. j’ai traversé ce département pour aller vers Saint Jacques. faites un jour la traversée d’Aumont Aubrac à Conques ‘arrangez vous pour arriver un dimanche matin au moment où la cloche de l’abbatiale carillonne la messe, vous verrez c’est spécial. (attention lors de la descente vers Conques si il a plu la veille). Difficile de s’arrêter là?! Chiche!.. allez jusqu’à Saint Côme d’Olt.
Bien à vous
le 4 décembre, 2019 à 6 h 54 min a dit :
Merci beaucoup ! Oh, une messe à Aubrac, j’en rêve… cela doit être grandiose ! La via podiensis me fascine.
Quant à St Côme d’Olt… regardez mon article sur les villages féeriques du Nord Aveyron 😉
Avec mes pensées chaleureuses,
Ariane
le 26 mars, 2020 à 8 h 51 min a dit :
Très bel article sur un département que j’affectionne beaucoup et qui me manque en ces temps de confinement ! Merci Ariane de nous permettre de voyager depuis notre canapé #restonscheznous
Une amoureuse inconditionnelle de la Lozère 😉
le 26 mars, 2020 à 22 h 51 min a dit :
Merci chère Audrey! La Lozère est merveilleuse… elle me manque aussi 🙂
le 1 mai, 2020 à 11 h 00 min a dit :
[…] avril 2019, je suis revenue en Lozère et j’ai eu le bonheur de dormir au château de La Caze : un moment inouï dans ce décor de […]
le 6 février, 2024 à 17 h 25 min a dit :
[…] voir, que faire en Lozère ? Après vous avoir proposé le kayak dans les gorges du Tarn ou encore l’équitation sur le causse de Méjean, ce blog de voyage amoureux du Sud de la France vous concocte un programme sportif et plein de […]