Villages d’alpinisme des Écrins : La Grave et Villar-d’Arène-
Rêvez-vous de virées vers les sommets, d’air rare et de levers de soleil tout là-haut, bref, rêvez-vous d’alpinisme ? Par son histoire, sa culture et les innombrables aventures alpines qu’il offre à l’amoureux des montagnes, le parc national des Ecrins est une terre d’alpinisme innée. Immense massif labyrinthique couronné de 4000m enneigés, marelle de glaciers et de sommets de légende, comme la Barre des Ecrins, la Meije, l’Ailefroide ou le Mont Pelvoux, les Ecrins ont écrit leur histoire à coups de piolet. Terre d’alpinisme incontournable depuis plus de deux siècles, fabuleux terrain de jeu pour les aventuriers, les pionniers et ceux qui grimpent dans leur trace, ils ont été façonnés par les rêves des cimes : partout dans le parc national des Ecrins, hameaux, refuges, itinéraires mythiques, cimetière d’alpinistes, musées et stèles, racontent ces histoires d’amour et de périls que les hommes et les femmes ont vécu ici avec la haute montagne.
Impossible d’imaginer ce territoire mythique sans grimpeurs et autres enivrés des cimes : l’alpinisme est l’une des rares activités humaines à être inscrite dans la charte du Parc national. Au sein du parc, pas moins de 7 villages et hameaux portent haut les couleurs de la haute montagne : ces 7 villages d’alpinisme permettent aux visiteurs d’accéder à cette « culture montagne » propre aux Ecrins, que ce soit à travers des sites culturels permettant de comprendre l’histoire et l’identité alpine du massif, des randonnées avec vue sur les sommets, des via ferrata aménagées pour une première expérience du vide, ou des courses d’initiation à l’alpinisme encadrées par un guide de haute montagne.
Pour entrer au cœur des villages d’alpinisme des Ecrins, je vous propose dans cet article d’en explorer deux : La Grave et Villar d’Arène, tout d’abord à travers des courses d’initiation à l’alpinisme, puis en découvrant la culture et le patrimoine de ces deux villages d’une beauté inouïe qui vivent sous le regard de la Meije, la terrible reine des Alpes du Sud.
Une brève histoire de l’alpinisme dans les Ecrins
Quand les hommes et les femmes du continent européen sont-ils devenus des alpinistes ? Ou, pour formuler autrement : quand ont-ils commencé à grimper sur les montagnes sans autre but que d’aller là-haut, sans autre conquête que le triomphe d’être le premier là-haut, sans autre gain que l’ivresse du sommet ? Le premier accès de folie des cimes intervient en 1492 (oui, la même année que l’arrivée de Colomb aux Amériques) : sur ordre du roi de France, une cordée parvient au sommet du « mont inaccessible », aujourd’hui appelé Mont Aiguille, l’emblème du Dauphiné. Mais les hommes ont vite fait de redescendre en plaine, et ils délaissent les montagnes pendant près de 300 ans.
Mais au XIXe siècle, des Anglais en goguette aperçoivent le Mont Blanc depuis Genève, et sont hypnotisés par ce monstrueux hologramme d’une infinie blancheur. Ils décident d’aller y voir de plus près et ouvrent un nouvel horizon. On se met à chercher la voie des sommets. Un riche savant, De Saussure, propose une récompense mirobolante à qui trouvera l’accès au sommet du Mont Blanc. Il faudra près de quarante ans avant que son vœu soit exaucé. L’acte de naissance officiel de l’alpinisme en Europe est signé le 8 août 1782 à Chamonix, lors de la première ascension réussie du Mont-Blanc par Balmat et Paccard. Dès lors, c’est la ruée vers les sommets. L’aristocratie anglaise se prend de passion pour le massif du Mont-Blanc, aidée dans sa quête de « premières » grandioses par des guides suisses et savoyards ouvrant la voie des cimes. L’Aiguille Verte, le Cervin, les Drus, les Grandes Jorasses tombent dans l’escarcelle de ces cordées internationales, qui se mettent à chercher d’autres défis.
C’est ainsi que les Anglais et les Suisses arrivent peu à peu, dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans les Ecrins. Ils découvrent une contrée à l’époque beaucoup plus pauvre que l’était la vallée de Chamonix, sans aménagements touristiques ou presque : de nombreux récits de voyageurs alpins se plaignent des mauvaises auberges et des repas chiches. Comme ce fut le cas à Chamonix et en Valais, c’est l’alliance des alpinistes anglais et des guides suisses qui réalise les grandes premières des Ecrins : les anglais Moore, Horace Walker et Edward Whymper, guidés par le Chamoniard Michel Croz et le Suisse Christian Almer, font la première ascension de la barre des Écrins le 25 juin 1864. Mais peu à peu se développe, dans les Ecrins, une culture alpine française. Je le raconte dans mon article consacré à la Meije : c’est un jeune aristocrate de Montpellier, Emmanuel Boileau de Castelnau (âgé de 20 ans seulement à l’époque), un guide-paysan de La Bérarde, le mythique Pierre Gaspard, et son fils, qui réalisent en 1877 la première ascension de la Meije, au nez et à la barbe des cordées internationales la croyant encore inaccessible. L’aura de cette victoire change la destinée des Ecrins, qui deviennent une grande terre d’alpinisme et de tourisme en montagne. Le Club Alpin Français, fondé en 1874, et la Société des Touristes du Dauphiné, fondée en 1875, conduisent les jeunes alpinistes enthousiastes à la découverte du dédale des Ecrins. C’est l’époque des pionniers, des refuges construits au cœur de la montagne avec des matériaux hissés à dos d’homme, et du développement d’un autre alpinisme, qui recherche la solitude, la difficulté, l’esthétisme d’une course et le passage par une voie élégante et ardue.
Cette histoire de l’alpinisme dans les Ecrins est merveilleusement retracée au musée Mémoires d’alpinisme à Saint Christophe en Oisans, que j’ai visité lors de mon tour gourmand en Oisans et que je vous recommande très chaleureusement. Aujourd’hui encore, les grimpeurs rêvent de la Dibona, les alpinistes rêvent de la Meije, et les Ecrins restent une terre de rêve, de désir et de fascination pour tout montagnard.
A titre personnel, ma très modeste histoire alpine calque presque celle de l’alpinisme en Europe. J’ai découvert la haute montagne à Chamonix, fascinée par le Mont Blanc comme le furent autrefois ces voyageurs découvrant le géant. Je m’en suis approchée tout d’abord par des randonnées autour de Chamonix, puis par une première initiation à l’alpinisme en vallée Blanche. Puis j’ai gravi le Mont Aiguille et le lendemain, découvert les Écrins. Une nouvelle obsession est née dans mon cœur. J’ai vécu ma plus belle expérience alpine à ce jour lors de l’ascension de la Meije orientale, et j’ai continué à rêver d’explorer ce massif-labyrinthe, en marchant sur le GR54, et bien sûr, en continuant à m’initier à l’alpinisme. Qui a été mordu par le virus des cimes ne peut qu’être ébloui par les Ecrins, une des plus vastes terres d’alpinisme du continent européen, un terrain de jeu infini où les rêves courent (et grimpent !) sans limite…
Les 7 villages d’alpinisme des Ecrins
Pour leur histoire, leur richesse culturelle et patrimoniale intrinsèquement liée à l’histoire des pionniers des cimes, leurs sentiers, leurs refuges et leurs sommets, sept villages et hameaux des Ecrins ont été identifiés comme villages d’alpinisme. Il s’agit de :
- Saint Christophe en Oisans et le hameau de La Bérarde
- Vallouise-Pelvoux et Ailefroide
- Le Casset
- La Grave
- Villar d’Arène
- La Chapelle-en-Valgaudemar
- Le Désert-en-Valjouffrey
J’ai eu le plaisir de découvrir Saint-Christophe-en-Oisans et son extraordinaire musée Mémoires d’alpinisme lors de mon Tour gourmand en Oisans ; je vous raconte Le Casset dans l’article consacré à la randonnée au lac du glacier d’Arsine. J’aurai le bonheur de découvrir Vallouise, La Chapelle-en-Valgaudemar et Le Désert-en-Valjouffrey lors de mon trek sur le GR54. Dans cet article, il sera question de La Grave et de Villar d’Arène.
La Grave et Villar d’Arène, la porte vers la haute montagne
La Grave, Villar d’Arène, dans les Hautes-Alpes, ce sont ces deux villages voisins qu’on réunit souvent sous un même beau nom : le « pays de la Meije ». Tous deux vivent sous la silhouette tutélaire de « sa Meijesté la Meije », la reine des Alpes du Sud.
De part et d’autre de la route qui conduit de Grenoble à Briançon en passant par le col du Lautaret, La Grave, Villar d’Arène et leurs nombreux hameaux s’échelonnent sur les flancs des montagnes, sous la Meije ou face à elle. Où qu’on porte le regard, c’est beau, c’est puissant, c’est toute la magie des Ecrins concentrée sur la pointe d’un sommet, d’un clocher ou d’une fleur des cimes.
Par leur situation au plus près des trois pics de la Meije (le Grand Pic, le Doigt de Dieu et la Meije orientale) et de ses vassaux (Le Râteau, le Pavé), La Grave et Villar d’Arène ont été dès le XIXe siècle le terrain de jeu rêvé des alpinistes en chemin vers les sommets. Ce sont des courses d’alpinisme légendaires, mythiques, qui ont marqué l’histoire et l’imaginaire d’une région toute entière, et qu’on ne reproduit toujours avec émotion. Ils demeurent aujourd’hui encore la porte de la haute montagne : randonnées glaciaires, escalade, courses d’alpinisme, ski de randonnée, les possibilités sont innombrables.
S’initier à l’alpinisme avec le bureau des guides de La Grave
Vous est-il déjà arrivé, lors d’une randonnée en montagne, de vous retrouver face à une muraille rocheuse, un glacier, et de vous dire « j’aimerais aller plus loin, tout là-haut » ? L’alpinisme, c’est continuer là où le randonneur doit déclarer forfait. C’est employer des techniques et des outils spécifiques : cordes, crampons, piolet… C’est grimper, franchir des ponts de neige et des ressauts rocheux, s’aventurer sur des arêtes et des pentes en glace, pour aller plus haut et plus loin dans la montagne. C’est voir un sommet, se dire « j’irai », et aller là où votre regard s’est porté.
L’alpinisme, c’est impressionnant, vertigineux, puissant, mais ce n’est pas forcément difficile. Escalade sur rocher, randonnée glaciaire, ascension de sommets mêlant neige et roc, traversée d’arête, beaucoup de choses sont possibles. Pour qui rêve de découvrir la haute montagne en toute sécurité, le bureau des guides de La Grave, situé en plein cœur du village, est le point d’accueil privilégié. Là-bas, on saura vous proposer des sorties (en randonnée, en via ferrata, en escalade, en alpinisme, en randonnée glaciaire, en ski…) correspondant à vos envies et adaptées à votre niveau. Ne croyez pas que la haute montagne soit réservée à une élite : si vous êtes bien encadré et qu’on vous aide à choisir une course appropriée, les activités alpines peuvent être très accessibles. Apprivoiser le vide en douceur avec une via ferrata, marcher pour la première fois encordé sur un glacier, c’est possible même en étant totalement débutant grâce aux guides de haute montagne. Ce qui est certain, c’est que ces activités ne s’improvisent pas sans connaissances : n’allez jamais vous aventurer sans expérience et sans équipement adéquat sur un glacier ou un parcours de via ferrata, vous risqueriez de vous mettre gravement en danger. Mais avec un ou une guide et le matériel approprié, cela devient possible !
La formation des guides de haute montagne pratiquée en France est une des plus exigeantes au monde, j’en parlais dans mon article consacré à l’initiation à l’alpinisme. L’école nationale de ski et d’alpinisme, par laquelle passent tous les aspirants guides, fait référence dans le monde entier. Le niveau technique exigé dans toutes les disciplines alpines (escalade, ski, alpinisme, cascade de glace), la condition physique, le sang-froid et le mental nécessaires, tout cela force le respect. Lors de mes aventures dans les Ecrins, j’ai eu le bonheur d’être encadrée par deux membres de la compagnie des guides de La Grave.
Philippe André est une force de la nature : la condition physique extraordinaire et le sourire à tout épreuve de ce guide qui a dépassé les 60 ans, mais continue à semer tout le monde dans la montagne, force le respect ! Lorsqu’il m’a conduite au sommet de la Meije Orientale, il s’agissait pour moi d’une première, mais certainement pas pour lui : c’était sa… 300e ascension de la Meije !
Laetitia Chomette m’a conduite sur l’arête des Fréaux et au Râteau Ouest, et cela a été une joie pour moi : dans un milieu qui reste très masculin, rencontrer une femme guide de haute montagne, grimpeuse hors pair et fine connaisseuse du milieu montagnard, m’a réjouie. Ancienne cartographe, spécialiste des avalanches, passionnée d’escalade, Laetitia est originaire de Haute-Loire, mais elle est désormais chez elle au pied de la Meije, et aime inviter de nouveaux passionnés à la découverte de son terrain de jeu favori…
L’arête des Fréaux : une course d’arête rocheuse facile
L’histoire de l’alpinisme dans les Ecrins n’est pas figée, bien au contraire, elle continue de s’écrire : les acteurs du parc national continuent d’équiper de nouvelles voies, d’ouvrir de nouveaux chemins à la verticale dans la montagne. L’arête des Fréaux fait partie de ces courses nouvelles, proposées depuis l’été 2023 par le bureau des guides de La Grave. Il s’agit d’une course d’arête rocheuse qui ressemble à une grande voie d’escalade de niveau facile, une excellente initiation à la verticalité. La course démarre au pied d’une très belle cascade, le long de laquelle on remontera sur une arête, en enchaînant le franchissement de petits ressauts rocheux, des descentes en rappel, du crapahutage sur les rochers, tout cela dans un décor grandiose : vous serez tout du long face à la Meije, et monterez graduellement plus haut vers une vue de plus en plus belle. Mon moment préféré restera, à mi-parcours, le passage par une vire superbe à flanc de falaise où on se trouve les yeux dans les yeux, en tête à tête avec la Meije…
Le Râteau Ouest : rencontre avec la haute montagne et ses glaciers
On entre ici dans le vif du sujet ! Le Râteau Ouest (3800m) est l’un des voisins immédiats de la Meije, son petit frère, pour ainsi dire. Il s’agit d’une magnifique sortie à la journée, avec une traversée glaciaire sur le glacier de la Girose, une arête rocheuse vertigineuse, des passages d’escalade impressionnants au-dessus du vide, avec une vue grandiose sur les plus beaux sommets du massif, notamment la Barre des Ecrins. La traversée du glacier de la Girose, sur une pente très raide et en cheminant sous les monstrueux séracs, m’a beaucoup impressionnée. La nécessité de franchir rapidement les passages exposés aux séracs, l’attitude à adopter face au risque de chute en crevasse, tout cela s’apprend avec votre guide. Puis c’est l’arrivée sur le rocher vertigineux. A près de 4000m d’altitude, tout prend une autre saveur : les pas d’escalade, l’exposition au vide, tout devient plus impressionnant, plus majestueux, plus éreintant aussi. La vue sur la chaîne de sommets conduisant jusqu’à la Barre des Écrins est hypnotisante, mais il faut rester concentré sur ses crampons, sa corde et ses manips : la course est parfois engagée ! Ce jour là, nous avons dû faire demi tour juste en dessous du sommet, la vire finale étant en mauvaise condition. La montagne est aussi une leçon d’humilité, mais la course était sublime même sans ces derniers mètres. Une très belle expérience et un magnifique baptême de la haute montagne, entre neige et roc.
La Meije Orientale : au plus près du mythe
L’ascension de la Meije orientale avec nuit au refuge de l’Aigle (3450m) reste à ce jour ma plus belle course en haute montagne. Partir du Pont des Brebis à Villar d’Arène, monter jusqu’au Refuge de l’Aigle après avoir traversé le glacier, dormir sur les flancs de la Meije, se réveiller à 4h du matin pour achever l’ascension par d’impressionnantes traversées de glace, d’arêtes et de murailles rocheuses, avant d’arriver au sommet pour le lever du soleil : un moment d’une puissance rare, que je n’oublierai jamais. Je vous invite à découvrir mon article consacré à l’ascension de la Meije orientale pour en savoir plus.
Visiter La Grave, Villar d’Arène, leurs hameaux et leurs églises
Ce sont à mes yeux les villages et les hameaux les plus fascinants des Hautes-Alpes, des pépites patrimoniales nimbées de la blanche aura de la Meije. Omniprésente, omnipotente, la Meije est visible partout, elle jette son halo de neige et de glace sur les clochers lombards, les balcons fleuris et les moulins de ces villages accrochés à la montagne, elle rehausse encore leur beauté.
Dans ce pays de pente raide, l’agriculture n’est possible qu’en terrasses : des générations d’hommes et de femmes ont aménagé à la sueur de leur front un ingénieux système de restanques permettant d’aménager des surfaces planes dans ce monde vertical, et de rendre possible la culture des céréales. Ces terrasses ont de faux airs de rizières, un paysage exotique et pittoresque qui invite à l’évasion au cœur de nos montagnes.
Sur ces terrasses ou traverses se sont bâtis des hameaux, qui possèdent chacun leur église, la plupart arborant un clocher lombard typique des Hautes-Alpes, leurs maisons traditionnelles, leurs balcons fleuris, leurs cadrans solaires, leurs ruelles sinueuses et leurs curiosités.
Les cinq hameaux de La Grave, dits les hameaux des Traverses, sont Le Chazelet, Les Hières, Ventelon, Valfroide, Les Terrasses et Les Clots. A Villar d’Arène, ce sont le Pied du Col et Les Cours. Tous offrent des vues inouïes sur la Meije, et recèlent des pépites incroyables, fruit de siècles et de siècles de traditions préservées. De nombreux sentiers de randonnées, à pied et à VTT, permettent de les explorer, et je vous recommande infiniment ces balades..
Mon cœur bat pour ces églises incroyables, qui recèlent toutes des trésors rares : retables baroques, tableaux, pyx, ostensoirs et montrances préservés depuis des siècles, le patrimoine est inouï. C’est pour cette raison que les églises sont hélas fermées en dehors des horaires de culte : leurs trésors ont trop de valeur, et les vols sont trop nombreux. Pour les admirer, deux solutions : participer aux passionnantes visites guidées proposées par l’office de tourisme de La Grave et de Villar d’Arène, ou aller à la messe. Le curé du pays de la Meije célèbre des messes dans presque toutes les églises des hameaux, et les horaires sont inscrits sur les portes de chacune. J’ai vécu de merveilleux moments de recueillement dans ces églises des montagnes.
Seule l’église de La Grave est toujours ouverte, et je vous recommande vivement sa visite. Son émouvant cimetière abrite les tombes de nombreux résistants tombés pour la France et pour la liberté dans les sombres heures de la Seconde guerre mondiale.
Le lac du Pontet
La plupart des randonnées dans les hameaux vous feront passer par ce magnifique lac où la Meije vient se plonger comme dans un miroir. C’est un des plus beaux sites de la région, et c’est aussi l’un des plus menacés : déchets, nuisances sonores, baignades, camping sauvage, tout cela vient abîmer les berges et les eaux de ce petit bijou. C’est pourquoi je voudrais vous inviter à le visiter avec beaucoup de respect. Certes, il ne fait pas partie de la zone cœur du parc national des Ecrins, où la réglementation la plus stricte s’applique. Il est ici possible de venir en VTT, ou d’avoir un chien tenu en laisse, ce qui n’est pas le cas en cœur de parc. Mais ici comme partout ailleurs, le respect de règles fondamentales doit être observé pour préserver ce site naturel d’exception : ne faites pas de feu, laissez chez vous vos enceintes sonores, ramassez vos déchets, ne vous baignez pas, ne piétinez pas les berges, permettez au lac du Pontet de rester ce site merveilleux et poétique pour les générations futures.
Le patrimoine puissant de Villar d’Arène : pain et moulins
Ce sont des traditions puissantes du pays de la Meije. Ici, on fabriquait chaque automne le pain bouilli dans le four banal, un pain à très longue conservation, qui nourrit le village durant tout l’hiver. Des fêtes du pain sont régulièrement organisées à Villar d’Arène, commémorant cette tradition. Dès 5h du matin, on pétrit, on façonne, on enfourne, on cuit, c’est une superbe fête de village à laquelle tous sont conviés.
Pour comprendre la culture du pain à Villar d’Arène, permise par le système de l’agriculture en terrasses et par les moulins sur la Romanche, qui permettaient de moudre le grain, rendez-vous à l’écomusée du Moulin. Sous les ailes d’un ancien moulin, entré en fonction au siècle de Louis XIV, vous découvrirez un extraordinaire conservatoire des modes de vie anciens du pays de la Meije. La visite, guidée par un passionné à l’érudition généreuse, se fait sur réservation auprès de l’office du tourisme.
Le jardin alpin du Lautaret
C’est au col du Lautaret, station mythique de la route des Grandes Alpes, qu’on trouve le jardin alpin du Lautaret, le plus beau de France à mes yeux. Il concentre et célèbre la flore extraordinaire des Ecrins et de toutes les montagnes du monde.
Au col du Lautaret, plus de 2000 plantes alpines s’épanouissent dans un décor montagnard somptueux. Cela fait plus de 100 ans que ce jardin exceptionnel rassemble, cultive et étudie les plantes de haute montagne de tous les continents. Edelweiss, reines des Alpes, pavots bleus de l’Himalaya, saxifrages des Andes, et des centaines d’autres s’épanouissent face aux cimes majestueuses de la Meije. Ce jardin tenu par l’université de Grenoble réussit la prouesse d’être à la fois une mine d’or pour les scientifiques et un ravissement pour les promeneurs, avec ses sentiers fleuris, ses paysages variés et son petit lac dans lequel les glaciers viennent se refléter. Un tour des montagnes du monde entier au cœur des Hautes Vallées, une visite à ne pas rater – c’est vraiment mon jardin préféré au monde. Il est facile de venir en famille, d’autant que la quasi-totalité des sentiers sont accessibles aux poussettes et aux personnes à mobilité réduite.
J’ai un coup de foudre pour la reine des Alpes, qu’on retrouve abondamment ici. Ce magnifique chardon bleu est une espèce protégée, emblématique de la région. Chardon bleu ou Meije ? Les deux beautés pourraient bien se disputer le titre de reine des Alpes…
De nombreuses plantes du jardin alpin du Lautaret se retrouvent sur les sentiers de randonnée du Parc national des Ecrins. Nous sommes aux portes d’un espace naturel protégé exceptionnel, gardien d’une montagne préservée.
Deux belles adresses Esprit Parc National au pays de la Meije
Dans les parcs nationaux de France, le label Esprit Parc National est accordé à des établissements et activités qui adhèrent à la charte du parc, s’engagent à respecter et transmettre les valeurs de respect de l’environnement et de la biodiversité à un large public, et qui œuvrent pour l’économie locale en valorisant les produits du terroir, les circuits courts et le fait-maison.
Au pays de la Meije, j’ai découvert deux belles adresses, chacune dans son style – un gîte d’étape et un hôtel cosy, tous deux proposant également un restaurant. Toutes deux sont accueillantes, chaleureuses, et profondément ancrées dans ce terroir d’exception. Que ce soit pour l’alpinisme, pour la randonnée ou pour le patrimoine, venir passer un week-end ici est toujours une belle idée.
Le Gîte Les Mélèzes à Villar d’Arène
Au cœur du village de Villar d’Arène, ce gîte d’étape qui accueille notamment les randonneurs sur le GR54 propose à la fois chambres privées et dortoirs chaleureux dans une grande maison traditionnelle sur plusieurs étages, qui semble défier en hauteur le clocher de l’église toute proche. Cela fait plus de 25 ans que ses propriétaires, un couple de passionnés, transmettent les valeurs de convivialité, de respect des saisons, de la faune et de la flore à un public varié, sous les voûtes anciennes de cette belle maison historique. La sensibilisation à l’environnement, notamment auprès du public scolaire, fait partie de leurs valeurs fondamentales, et la convivialité est de mise. Ici on cuisine maison les produits d’ici avec générosité, et on vous accueille avec sourire et simplicité. Une adresse abordable et chaleureuse.
Le Faranchin à Villar d’Arène
Romantique, chic et authentique, ce bel hôtel cocon est mon adresse fétiche depuis des années. J’y suis venue plusieurs fois en amoureux et cela reste un de mes hôtels préférés dans les Alpes françaises. La décoration des grandes pièces lumineuses avec vue sur la Meije et des terrasses à flanc de montagne est superbe et élégante, les chambres sont douillettes et charmantes. L’accueil est attentionné et les prix restent doux par rapport au standing proposé et à la qualité des prestations. Labellisé Maître restaurateur, le restaurant décline avec des accents gastronomiques les spécialités et les produits du terroir, et la carte des vins est au diapason : ici, on sélectionne et sublime le meilleur des Hautes-Alpes.
Le Faranchin organise régulièrement des week-ends à thème : pain bouilli, yoga, randonnée ? Vous trouverez votre bonheur dans ces offres packagées aux tarifs très intéressants, qui témoignent de leur passion du partage de la beauté et des traditions du pays de la Meije.
Je sais que j’y reviendrai encore et encore…
Un grand merci au Parc National des Ecrins et à l’office de tourisme des Hautes Vallées pour les expériences merveilleuses que j’ai vécues ici, et tout particulièrement à Elsa, Magda et Soline pour leur accueil. Les images figurant dans cet article ont été réalisées dans le respect des règles en vigueur dans le cœur du Parc national des Écrins, avec l’autorisation du directeur de l’établissement public.
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le 18 juin, 2024 à 15 h 54 min a dit :
merci pour cet article qui donne tellement envie de vous suivre !