Saint Jacques dans le Lot: le GR652, depuis Rocamadour-
Etape iconique de la Voie du Puy sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle, le département du Lot est extrêmement riche en chemins jacquaires, qu’il s’agisse du GR65 classique, de la variante dite voie du Célé, ou de la voie de Rocamadour. Parce que le Lot est à mes yeux un des plus beaux départements de France pour la randonnée, entre villages de carte postale, grands causses et gorges sculptées par l’érosion, et que les chemins jacquaires lotois sont d’une grande richesse, j’ai eu à cœur d’arpenter le plus grand nombre de variantes. J’ai eu le plaisir de vous en parler dans un précédent article , les chemins de Saint Jacques dans le Lot, consacré au GR65, à la voie du Célé et à la voie de Rocamadour. A l’été 2024, j’ai repris ma coquille de pèlerin sur les sentiers du Lot pour arpenter le GR652, dite voie de Rocamadour, qui va de Laroquebrou à La Romieu, sur sa partie lotoise : Rocamadour-Duravel.
Le premier attrait du GR652 dans le Lot, c’est bien entendu Rocamadour la sublime, la vertigineuse, une citadelle singulière que la foi a arrimée au rocher et qui fut l’un des plus importants sanctuaires du Moyen-Âge européen. Mais ce GR m’a permis de découvrir de nombreuses autres pépites patrimoniales lotoises, comme Gourdon, la capitale de la Bouriane et son cœur de ville médiéval, Salviac et son église dédiée aux pèlerins, ou encore la bastide occitane de Montcabrier, et tout un chapelet de beaux villages, d’églises pluriséculaires, de chapelles secrètes et de coquilles suspendues au détour d’un méandre… sans oublier les bonnes tables ancrées dans le terroir du sud-ouest.
Si ce GR est aujourd’hui méconnu, son rayonnement fut intense au Moyen-Âge : Rocamadour était une étape incontournable et emblématique des grands pèlerinages européens, et nombreux furent les marcheurs à emprunter ce chemin, pour passer par le sanctuaire à la Vierge Noire avant de rejoindre Compostelle. La puissance de cet héritage est inscrite dans le patrimoine !
Randonner sur le GR652 dans le Lot : mes conseils
Ce GR est plutôt facile : certes, les étapes sont longues (nous avons parcouru environ 25km chaque jour), mais le dénivelé est très faible, et les chemins ne comportent aucune difficulté technique. Contrairement à par exemple la Voie du Célé, où les reliefs font chauffer les mollets, vous serez quasiment toujours sur du plat.
Si vous marchez sur le chemin de Saint Jacques pour être seul avec vous-même, je vous recommande chaleureusement ce sentier plus méconnu, vous ne croiserez pas grand monde, même au cœur du mois d’août comme nous l’avons fait.
En revanche, si vous recherchez l’ambiance conviviale du camino, avec grandes tablées, grappes de randonneurs qui se rejoignent ici et là, discussions et rencontres, je vous recommande plutôt le GR65, plus fréquenté.
Sur le GR652, pensez bien à planifier votre itinéraire et réserver vos hébergements, ils ne sont pas aussi nombreux que sur le GR65.
GR652, de Rocamadour à Duravel
100km, 4 jours
Difficulté : facile
Marquage : rouge et blanc
Topoguide : Sentier vers Saint Jacques de Compostelle, via le Puy, Figeac-Moissac, Rocamadour-La Romieu, GR65, GR651, GR652, édité par la FFRandonnée
Retrouvez mon article consacré au GR652 sur le site de Lot Tourisme avec cartes et GPX
Rocamadour, notre départ sur le GR652
Un véritable trésor lotois ! « L’espérance ferme comme le roc », telle est la devise de Rocamadour, et cela se conçoit aisément quand on admire l’architecture vertigineuse de cette citadelle funambule enchâssée dans la pierre dorée du causse. Si Rocamadour est l’un des incontournables absolus quand on visite le Lot, ce n’est pas pour rien : entre beauté visuelle, force de l’histoire et atmosphère mystique, impossible de rester insensible.
Rocamadour a toujours été un des sanctuaires qui me touchent le plus. Savoir qu’on met ses pas dans ceux de Saint Louis, de rois, de papes, d’innombrables pèlerins venus ici depuis des siècles mus par la foi et l’espérance, ne manque jamais de m’émouvoir. De plus, les prêtres diocésains et les jeunes catholiques bénévoles qui font vivre le sanctuaire sont très dynamiques et accueillants, et ce sont chaque jour des messes, des vêpres et laudes, souvent des processions, des rencontres… Notre Dame de Rocamadour est une église vivante. J’aime son atmosphère, et sa beauté me touche. Commencer notre marche ici me réjouit, l’émerveillement est intact.
Notre hébergement à Rocamadour : Nous dormons dans une grande chambre partagée pour 4 personnes à la Maison des 4 chemins, un très beau gîte d’étape chaleureux et accueillant envers les marcheurs. Dans ce beau chalet de bois à quelques encablures de Rocamadour, facilement accessible à pied, nous nous retrouvons avec d’autres randonneurs venus arpenter les différents chemins de Saint Jacques dans le Lot, et d’autres itinéraires de grande randonnée. Nous sommes tous marcheurs, l’ambiance est conviviale et nos hôtes adorables.
GR652, jour 1 : Rocamadour-Le Vigan
Cette première étape est une journée calme et douce pour se mettre en jambes. Pas de patrimoine exceptionnel aujourd’hui sur le chemin, il faut reposer ses yeux après l’éblouissement esthétique de Rocamadour, mais de beaux chemins en pleine nature. On longe l’Alzou pour quitter Rocamadour au cœur du parc naturel régional des Causses du Quercy, entre falaises aux teintes chaudes, forêt moussue et plans d’eau bucoliques. On chemine sur des sentiers sablonneux très doux, et si la traversée du pont de l’autoroute nous rappelle soudain que nous sommes bien au XXIe siècle, tout le reste de la journée se déroule dans un décor intemporel de prairies, de bois et de maisons isolées au fil de l’eau. Dans un décor de campagne riante au milieu des chevaux et des vaches, on se repose pour la journée du lendemain, la plus spectaculaire…
Notre hébergement au Vigan : le moulin de Planiol. Coup de foudre absolu pour cette magnifique chambre d’hôtes tenue par un couple néerlandais adorable. C’est le GR version grand luxe : une belle chambre joliment décorée, une vaste piscine située au cœur d’un jardin fleuri et des chevaux que le coucher de soleil transforme en gravures irisées ponctuent cette étape de charme. Du dîner au petit dej, tout est fait maison, ultra copieux et savoureux et on se sent chouchouté. Marcheurs côtoient motards et touristes en road trip, cette étape plus haut de gamme mais restant abordable met tout le monde d’accord !
GR652, jour 2 : Du Vigan à Salviac
Cette journée a été ma préférée, la plus riche et variée. Entre Gourdon, Salviac et l’Abbaye Nouvelle, l’amoureuse de patrimoine que je suis est comblée !
A la croisée du Quercy et du Périgord, Gourdon, capitale de la Bouriane, est une cité de drapiers et de tisserands qui a tenu tête aux Anglais durant la guerre de Cent Ans et qui a su garder intact son cœur médiéval. Il faut absolument prendre le temps de remonter la rue de Majou et d’arpenter les rues piétonnes de la ville haute de Gourdon. Des passionnés ont réaménagé le quartier de la cathédrale : jardins médiévaux restaurés, ruines aménagées, petites bulles de verdure, d’art et d’insolites ponctuent la marche et nous réservent une jolie surprise à chaque coin de rue.
Après Gourdon, le GR devient de plus en plus beau : pontons aménagés au-dessus de petits étangs et tourbières, guirlandes de mousses, cazelles de pierres sèches agrémentent la marche jusqu’à L’Abbaye Nouvelle. Cet ancien monastère cistercien ravagé par la guerre de Cent Ans, ruine gothique monumentale dressé comme un spectre dans le paysage, nous rappellent que sommes réellement sur un itinéraire historique majeur du pèlerinage, qui reliait Rocamadour à Condom par Agen : les fouilles archéologiques ont montré qu’il avait accueilli pendant des siècles et en grand nombre les pèlerins en marche vers Compostelle.
Cette puissance historique du GR652, c’est Salviac qui la montre le mieux. Imaginez : l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Salviac, édifiée au XIIIe siècle, pouvait accueillir plus de mille personnes ! Fait rarissime : derrière l’autel au cœur du chœur, ce n’est pas Jésus qu’on trouve en majesté, mais l’apôtre Jacques le Majeur, celui qui repose à Compostelle. Cette église majestueuse est l’une des plus belles de ce GR, et un pur régal pour les amoureux d’histoire jacquaire : bornes, vitraux, lanterne des pèlerins, tout raconte l’histoire de ce chemin hors normes et des marcheurs courageux qui ont sillonné l’Europe médiévale. Devant l’église, une statue à la silhouette de pèlerin est un joli clin d’œil.
Notre hébergement à Salviac : Sur la place de l’église, Marie-Aline tient une chambre d’hôtes douce et accueillante, où nous nous sentons réellement en famille. Des histoires de famille, Marie-Aline en a de nombreuses à partager : sa mère a détenu les clefs de l’église Saint Jacques le Majeur et de son trésor pendant des décennies, et elle connaît mieux que personne l’histoire puissante de ce monument singulier…
Nous sommes venus un jour de marché des producteurs. Les melons du Quercy et les petits fromage Rocamadour font chanter les étals colorés, ce sont les saveurs du Lot qui se déclinent avec bonheur.
GR652 version randonnée nature : Salviac-Frayssinet-le-Gélat
Cette étape est sans doute la plus jolie en termes de nature. Les grandes forêts de fougères et de bruyères roses, aux allures presque écossaises, nous montrent que nous avons quitté le pays calcaire des causses, et que nous descendons vers les terres plus acides de la vallée du Lot. Au milieu des murets de pierres sèches, la végétation change et l’eau revient : de beaux étangs, notamment celui de Cazals, invitent à la détente au bord de l’eau. Nous arrivons dans le Quercy blanc, au pays des pigeonniers et des moulins…
Au cœur du beau village de Cazals à l’architecture si typique du Lot, avec ses tours carrées, ses pierres dorées et ses toits de lauze, la place principale respire la dolce vita occitane – difficile de résister à la tentation du petit café au soleil ! Une dizaine de kilomètres plus loin, la prochaine halte est à Frayssinet-le-Gélat, avec son étonnante église Sainte Radegonde, construite au XIIe siècle, qui a de loin l’allure d’un donjon dressé au milieu des plaines du Lot.
Notre hébergement à Pomarède : Chez Jeanne à Pomarède. Parce que nous sommes en plein mois d’août, et que les hébergements sont vite complets, nous sortons du GR et faisons un petit détour par Pomarède pour la nuit. Mais cela vaut le coup ! Chez Jeanne, ce sont 5 générations de femmes, 120 ans de saveurs, et toute la richesse du terroir lotois.
Jusqu’aux rives du Lot : le 4e jour
C’est notre dernier jour de marche, et elle nous réserve encore une fois de véritables pépites patrimoniales. Montcabrier est l’occasion de découvrir les bastides occitanes si typiques de la région, des villes nouvelles conçues à la fin du Moyen-Âge pour servir le commerce et favoriser les échanges avec leur plan géométrique. Avec ses façades à échauguettes, ses fenêtres à arches brisés gothiques et sa très belle église Saint-Louis au tympan flamboyant datant du XIIIe siècle, Montcabrier a fière allure !
Le dernier village-trésor de notre marche est la gallo-romaine Duravel, un des bijoux de la vallée du Lot avec sa majestueuse église romane Saint-Hilarion, fondée au XIe siècle par des moines venus de l’abbaye de Moissac (une autre halte jacquaire !), et qui contient les reliques de plusieurs saints anachorètes des premiers siècles chrétiens, notamment le fameux Hilarion, un ermite du IIIe siècle. Le prestige de cette église au Moyen-Âge se reflète dans son architecture grandiose, et tout le bourg est organisé autour d’elle – un dernier délice médiéval avant de revenir à notre siècle !
Nos ultimes kilomètres nous amènent jusqu’aux rives du Lot, à Port-de-Vire. En franchissant la rivière, nous arrivons dans le Lot-et-Garonne voisin.
Nous avons beaucoup aimé ces 100km sur le GR652, empreinte de calme, de douceur et riche d’un patrimoine exceptionnel. Si les chemins de Saint Jacques vous tentent, pourquoi ne pas tenter cette variante lotoise peu fréquentée mais si emplie d’histoire ?
Continuer à explorer le Lot
Notre randonnée s’achève ici, mais nous aurions pu la poursuivre de plusieurs façons :
– Nous aurions pu continuer sur le GR652 jusqu’à La Romieu via Tournon d’Agenais et Agen, avant de rejoindre le GR65. Nous aurions par exemple traversé la très jolie ville de Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne, que j’avais beaucoup aimée.
– Nous aurions pu remonter le cours du Lot jusqu’à Cahors via le GR36 qui traverse la vallée du Lot en passant par le beau village de Puy l’Evêque, pour reprendre à Cahors le GR65 en direction de Montcuq et de Moissac.
Pour notre part, nous allons retrouver la région de Rocamadour, pour aller passer la nuit dans un gîte de charme exceptionnel, Les hauts de Bagadou à Martel.
Je vous invite, pour poursuivre votre exploration lotoise, à suivre les liens suivants.
Sur le site Itinera Magica, blog de voyage amoureux de l’Occitanie :
Arpenter les chemins de Saint Jacques dans le Lot, à pied et à cheval
Partir en road trip dans le Lot
Dormir dans un hébergement insolite romantique et luxueux à Martel : Les Hauts de Bagadou
Sur le site de Lot Tourisme, pour qui j’ai écrit sur les différentes variantes jacquaires :
Randonner sur le GR6 de Figeac à Rocamadour
Randonner sur le GR651, la voie du Célé, de Figeac à Saint Cirq Lapopie
Randonner sur le GR652, la voie de Rocamadour, de Rocamadour à Duravel
Un grand merci à Lot Tourisme, et tout particulièrement à Aude et à Cathy, pour leur accueil si chaleureux et pour les souvenirs merveilleux que nous avons créé chez eux année après année.
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le 17 novembre, 2024 à 22 h 05 min a dit :
[…] les Hauts de Bagadou entre amis, une parenthèse reposante après notre randonnée sur le chemin de Rocamadour, mais le lieu se prête aussi à une escapade bien-être entre copines, ou à une virée follement […]