Se mettre au vert sur la plaine de Versailles-
La plaine de Versailles ? C’est un poumon vert aux portes
de la capitale, une campagne à deux pas de Paris. Le paysage surprend :
tout est si bucolique, si rural, qu’on peine à croire qu’on est si proche de la
ville. Champs de blé à perte de vue, forêts, petits villages aux faux airs de
Normandie, fermes et ruches, tout donne la sensation d’être parti beaucoup plus
loin de Paris. Je descends du transilien à St Nom la Bretèche, et j’ai l’impression
d’être arrivée dans une gare de province lointaine, entre forêt et champs – une
belle sensation de dépaysement en plein cœur des Yvelines.
Sous l’Ancien régime, la plaine était la chasse gardée des princes : dans
le prolongement du château de Versailles, ses prairies et forêts servaient à
nourrir l’opulente cour royale. Pour préserver l’environnement exceptionnel et
les paysages autour du château, la plaine a été sanctuarisée : elle ne
sera jamais une banlieue urbanisée, et restera toujours ce terrain dédié à la
nature et à l’agriculture. Pour qui veut s’échapper un peu de Paris, marcher le
long des ruisseaux, manger 100% local en faisant du tourisme à la ferme et
découvrir le patrimoine architectural et culinaire, cette « autre île de France »
pittoresque, une journée sur la plaine de Versailles s’impose.
Que faire sur la plaine de Versailles ?
Découvrir les villages bucoliques
Quand je suis arrivée sur la plaine de Versailles, je me
suis souvenue – pour la millième fois – de pourquoi j’aimais tellement la France.
Vous arrivez dans un coin un peu perdu et méconnu des Yvelines, dont vous n’avez
jamais entendu parler, et qu’est-ce que vous découvrez ? Des villages ravissants,
bucoliques, remplis de fleurs, de vieilles pierres, d’églises paisibles et de
lavoirs où l’eau clapote. Aux Etats-Unis, on ferait venir des cars entiers de
touristes pour voir ça, on mettrait des panneaux « cutest village around »
et toutes les blogueuses viendraient poser dans les ruelles. En France ?
Oh, encore un ravissant village français, on a l’habitude. Je n’ai passé qu’une
journée sur la plaine, ma découverte a donc été rapide, mais voici quelques
aperçus.
A Crespières, on découvre une église de pierre blanche respirant la tranquillité, des jardins fleuris et, note pour les fanas de vieilles séries françaises parmi nous, la maison culte de Les Cordier : juges et flics.
A Thierval-Grignon, on se régalera du spectacle pittoresque des vieilles maisons fleuries, des tracteurs garés devant les cours, et surtout, du très joli lavoir récemment restauré. Il faut savoir que la plaine de Versailles est un pays de rus – ruisseaux dans la langue du Nord-Ouest de la France, j’ai déjà entendu ce mot en Normandie – et que de nombreux villages sont traversés par des sources. Les lavoirs, souvent beaux et apaisants, sont de jolis témoignages de l’ancien temps qui mettent en valeur cette particularité géographique.
A Rennemoulin, peut-être le plus joli village de la
plaine, on se baladera sur de nombreux sentiers de promenade longeant le ru, on
profitera du spectacle de l’eau qui s’engouffre sous le pont ancien et on
marchera au milieu des fleurs… A Villepreux, on s’arrêtera devant la
maison natale de St Vincent de Paul, considéré comme le saint patron des œuvres
caritatives, celui qui disait « plus vous donnez et plus vous recevrez ».
La plaine de Versailles, ce sont aussi des champs à perte de vue. Je suis venue en juin, à l’heure des blés dorés, et je me suis régalée de ces marées d’or ondulant… Le plus beau point de vue, je l’ai trouvé au-dessus de Chavenay, au sommet de la colline. En bas mangeaient des chevaux… On m’a dit que la plaine de Versailles était un paradis pour les cavaliers, avec de nombreux sentiers équestres, j’espère avoir un jour l’occasion de tester ! Il me faudra revenir pour des randonnées, à pied, à cheval ou en vélo… Vous trouverez ici des idées de randonnée et des circuits détaillés.
Du tourisme à la ferme : rencontrer les producteurs de la Plaine de Versailles
La plaine de Versailles ravira les amoureux du #madeinFrance et des circuits courts. A deux pas de Paris, vous trouverez un vrai poumon agricole, avec de nombreux producteurs qui développent de plus en plus une démarche de circuits courts et de vente à la ferme. C’est le meilleur moyen de se reconnecter à son alimentation et de marier tourisme et gastronomie.
J’ai adoré la démarche de la biscuiterie Les deux gourmands à Crespières : des cookies 100% made in l’île de France ! Et en plus, on peut goûter en direct à la boutique, dans un bar à biscuits (que j’aurais volontiers dévasté en deux secondes quand on ne me regardait pas) alléchant. Vous croquerez dans le blé de Crespières, le sucre de betterave d’île de France, le chocolat d’Hardricourt, le safran du Gâtinais, les coquelicots de la plaine… et bien sûr, le miel de Crespières. Les biscuitiers se sont associés à un apiculteur, qui a installé ses ruches sur le territoire de la ferme, et propose son miel (dans les biscuits, en pot ou sous forme d’autres produits). Les ateliers peuvent être visités et c’est assez génial de voir les cookies découpés sur la planche, tournoyer dans l’entonnoir, conditionnés… cette visite donne faim et donne des fringales de localisme. Je la recommande sans hésiter à tous, aux familles et aux gourmands de tous âges, d’autant que le site a du charme : une grande ferme comportant un vaste espace où des démonstrations et manifestations festives sont régulièrement organisées. Les deux gourmands dynamisent la plaine, et leur démarche m’a conquise.
Une autre belle rencontre, ce fut celle avec l’apiculteur Jacky Boisseau à Plaisir. Jacky Boisseau est un passionné, un amoureux des abeilles. Il constate et déplore leur déclin et en sait toutes les causes, et s’engage pour une apiculture profondément respectueuse des abeilles, en choisissant des espèces adaptées à nos climats, en leur fournissant une nourriture abondante et sans pesticides, en menant sa récolte de façon responsable pour ne pas mettre en danger la ruche (trop de pratiques apicoles sont prédatrices et tuent les abeilles). L’écouter parler des abeilles, de ce qui les menace et de ce qui les protège, m’a passionnée. Jacky Boisseau les connaît par cœur et est très investi dans le développement du savoir à ce sujet – ici et ailleurs : il est impliqué dans des projets apicoles au Liban et au Cameroun. Mais moi, c’est dans son jardin que je le rencontre, sous un grand cerisier alors couvert de griottes délicieuses, au milieu des coqs et poules. C’est un petit cocon idyllique, et j’aurais pu rester des heures… Munie d’un casque avec filet de protection, et protégée par les manœuvres de Jacky, je découvre l’intérieur de la ruche, la beauté géométrique et dorée des rayons couverts de miel et le délice du miel prélevé à la source. Le miel de Jacky Boisseau est le meilleur que j’aie eu l’occasion de goûter, et je n’exagère pas – un délice qui vous rend incapable à jamais de consommer du miel de supermarché… N’hésitez pas à faire un tour chez lui pour en acheter.
Les circuits courts, la petite production familiale, j’adore, mais je sais aussi qu’il faut être réaliste : pour nourrir les 10 millions d’habitants de la région parisienne, il faut forcément aussi de grosses exploitations et des circuits de distribution efficaces. La ferme de Grignon m’a beaucoup intéressée, car elle donne l’occasion de visiter en conditions réelles une grande ferme produisant du lait notamment pour les filières Leclerc. Nous sommes ici dans une démarche qui n’est pas celle du petit producteur bio vendant en circuits courts, mais de la grande exploitation produisant des volumes importants. Et c’est justement cela qui m’a intéressée : voir les coulisses de l’agriculture conventionnelle souvent très décriée, pouvoir visiter une ferme de ce type sans barrières, sans zones interdites, en toute transparence. J’ai été heureuse d’y voir des vaches en bonne santé, en stabulation libre dans des enclos où elles étaient ensemble, de nombreux aménagements pour leur bien-être (par exemple des sortes de brosses rotatives contre lesquelles les vaches allaient se frotter), et très amicales avec les visiteurs. La ferme de Grignon vous montre toutes les étapes du processus de la production et du conditionnement du lait, avec de nombreuses explications pédagogiques la rendant particulièrement intéressante pour les familles. Le jour de ma visite, j’ai vu de nombreux enfants visiter le site, résoudre les énigmes, aller d’une station à l’autre, etc. La ferme explique également sa démarche de respect, à la fois sur le plan du bien-être animal et de l’environnement, notamment avec une importante usine de méthanisation permettant la production d’électricité à partir de la bouse de vache. Je pense qu’une telle visite est intéressante, et aide à restaurer le lien souvent dégradé entre agriculteurs et urbains.
Il y a enfin un endroit que je n’ai pas pu visiter, mais que j’aurais adoré découvrir : les Fermes de Gally. On y vient pour la cueillette, et peut se promener dans les champs et choisir, selon la saison, les délices qu’on rapportera chez soi. On y trouve également un joli café, une boutique, une ferme ouverte… c’est une visite que je réserve pour une prochaine fois. Je reviendrai pour cela, et pour les chevaux !
Je n’ai passé qu’une journée sur la plaine de Versailles, mais je retiens cette jolie parenthèse au vert et me promets de recommencer un de ces jours, pour me ressourcer à deux pas de Paris.
Merci à l’association de la plaine de Versailles et notamment à Marie pour l’accueil chaleureux dans ce joli coin de verdure, ce fut une belle rencontre !
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le 15 octobre, 2019 à 18 h 48 min a dit :
Quand j’habitais en région parisienne, j’étais à côté de Versailles, sur la ligne de St Nom… alors ce secteur m’évoque forcément de nombreux souvenirs de balades, de cueillettes à Gally, mais aussi de départs en week-ends (traverser la plaine de Versailles par les petites route plutôt que bouchonner sur l’A13… ça ne faisait pas forcément gagner du temps mais c’est ô combien plus agréable !) …. Ce moment où tu es encore en région parisienne mais déjà un peu ailleurs !
le 16 octobre, 2019 à 20 h 22 min a dit :
Oh mais tu connais déjà par coeur ! c’est charmant, n’est ce pas 🙂
le 15 octobre, 2019 à 18 h 57 min a dit :
Magnifiques photos comme d’habitude! Je vais peut être m’y exiler moi aussi… 😉
le 16 octobre, 2019 à 20 h 22 min a dit :
Près de Paris mais à la campagne, pas mal 😉
le 15 octobre, 2019 à 20 h 47 min a dit :
C’est drôle de voir le coin près d’où j’ai grandi sur un blog de voyage ! Je n’aurais jamais cru qu’il y ait autant de choses si mignonne et si intéressante à découvrir ! Finalement le seul lieu que je connais vraiment c’est celui que tu n’as pas vu, la Ferme de Gally où je m’en suis empiffrer de framboises et de fraises pendant la cueillette quand j’étais gamine. C’est chouette de montrer un autre visage de l’Ile de France (par exemple de plaisir que je connais que le centre commercial avec son Auchan et IKEA c’est un peu dommage quand on voit le reste !)
le 16 octobre, 2019 à 20 h 23 min a dit :
Ahaha, bizarrement je n’ai pas visité Auchan et Ikéa, j’ai raté un truc 😉
La Ferme de Gally, ça me tentait vraiment, j’aurais adoré y faire un petit stop 🙂 Merci Mathilde !
le 16 octobre, 2019 à 7 h 40 min a dit :
L’île de France a mauvaise réputation mais pourtant il y a plein d’endroits insoupçonnés à découvrir. je ne suis jamais allé de ce côté là des Yvelines, un jour peut-être ! J’adore tes photos des champs de blé, c’est tellement apaisant 🙂
le 16 octobre, 2019 à 20 h 21 min a dit :
Tu fais partie des premiers à m’avoir révélé les charmes de l’IdF sur ton blog 🙂
le 16 octobre, 2019 à 13 h 00 min a dit :
Si vous voulez découvrir les balades à cheval dans la forêt de Marly le Roi et voir le plus beau panorama sur la plaine de Versailles (et le château lorsque la météo le permet), je vous invite sur mon élevage de chevaux à Feucherolles.
le 16 octobre, 2019 à 20 h 21 min a dit :
Chère Madame, je retiens précieusement votre invitation car j’espère bien avoir le plaisir de revenir en plaine ! Cela me tente énormément ! Je garde votre contact et vous remercie chaleureusement.
le 5 novembre, 2019 à 10 h 00 min a dit :
[…] l’Aveyron, la Lozère, l’Orne, la Loire, la Saône-et-Loire, la Côte d’Or, l’Alsace, la plaine de Versailles, le Lot, le nord de la Bourgogne (articles à suivre), je ne peux qu’encourager les voyageurs à […]
le 26 avril, 2020 à 19 h 30 min a dit :
On m’aurait dit qu’un tel endroit existait si proche de Paris, je ne l’aurai pas cru. Ta photo de couverture est dingue avec ces champs à perte de vue ! Il y a un lavoir dans le village où j’ai grandi, je crois qu’il est vide maintenant mais je me souviens que j’y allais faire les lessives avec ma grand-mère plus jeune.
le 27 avril, 2020 à 17 h 37 min a dit :
Oh tu as fait les lessives au lavoir petite ! c’est rare ! je trouve ça tellement typique comme expérience 🙂 oui, la plaine a un côté rétro assez rare et spécial!