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15 janvier 2025    /    

Que faire en Valbonnais, la vallée secrète des Ecrins ?-

Connaissez-vous le Valbonnais ? Si je vous dis Le-Désert-en-Valjouffrey, la Chalp, Valsenestre ? Nous sommes en Valbonnais, sans aucun doute dans la vallée la plus méconnue et secrète du parc national des Ecrins. Tout au sud de l’Isère, dans la région de la Matheysine, les vallées de la Bonne et du Béranger respirent une authenticité montagnarde aux accents de bout du monde, entre hameaux historiques et isolés, forêts touffues et sommets emblématiques : le toit du Valbonnais, c’est le majestueux pic de l’Olan (3564m), qu’on approche au plus près au refuge du Font Turbat.
Demeuré à l’écart des grands axes, le Valbonnais et sa commune alpine de Valjouffrey sont réellement un trésor caché des Alpes françaises, dans la partie iséroise des Ecrins. Que voir et que faire en Valbonnais quand on aime la randonnée, le patrimoine, l’authenticité d’une expérience alpine et le plaisir d’un dépaysement total au cœur des montagnes ? Je vous propose d’explorer les hameaux de Valjouffrey, de randonner au col de Côte-Belle et de passer une nuit niché au creux de l’Olan au refuge de Font-Turbat.

Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
Dans le petit vallon de Font Turbat, au désert en Valjouffrey
Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
A Combe Oursière, au-dessus de Valsenestre
Adrien et moi face à la face Nord de l’Olan, au dessus du refuge de Font Turbat. Photo de Caroline (Hikes and Travels) avec qui nous avons vécu cette aventure.

Valbonnais, Valjouffrey, qui êtes-vous ?

Le Valbonnais est une des sept vallées des Ecrins, aux côtés du Briançonnais, de la Vallouise, de l’Embrunais, du Champsaur, du Valgaudemar et de l’Oisans. Sur un plan administratif, le Valbonnais appartient à l’Isère, sur un plan touristique, à la Matheysine.

Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
Explorer le Parc National des Ecrins en Valbonnais. Photo Caroline

Je l’avoue : bien qu’habitant Grenoble et très amoureuse des Ecrins, je n’ai pas eu tout de suite le réflexe d’aller explorer le Valbonnais, privilégiant spontanément les autres régions de Matheysine plus célèbres sur le plan touristique (La Mure, le lac de Monteynard, l’Alpe du Grand Serre), et celles qui sont à la frontière avec l’Oisans (le plateau des Lacs du Taillefer, le Col d’Ornon). C’est quand j’ai commencé à explorer de fond en comble le parc national des Ecrins que je me suis intéressée à cette vallée un peu secrète, nichée entre les deux régions culturelles et touristiques : Oisans et Matheysine.

Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
Au Col de Côte Belle, avec en arrière plan, sortant des nuages, le col de la Muzelle, qui fait la bascule vers l’Oisans

A l’Est de La Mure, Valbonnais est à la fois une vallée, celle de la Bonne (rivière alpine qui est un affluent du Drac), qui fut autrefois une puissante seigneurerie, puis une baronnie convoitée, et aujourd’hui une commune. Et en remontant le cours de la Bonne vers sa source, on arrive à Valjouffrey, commune de 200 habitants constituée de cinq hameaux : la Chapelle en Valjouffrey, la Chalp, les Faures, Le Désert en Valjouffrey et Valsenestre.
Ce sont ces cinq hameaux que nous allons explorer dans cet article, et notamment les deux plus emblématiques, Le Désert en Valjouffrey et Valsenestre, qui sont tous les deux des bouts du monde au sens où la route s’arrête ici et les Ecrins commencent, dans toute leur majesté verticale.
A 66 kilomètres de Grenoble, Le Désert en Valjouffrey est le « cul de sac », le dernier hameau de Valjouffrey situé sur les berges de la Bonne. Quant à Valsenestre, encore plus isolé, il est le seul des cinq à ne pas être situé sur le cours de la Bonne, mais dans une vallée adjacente, celle du Béranger – du nom du torrent qui coule au fond.

desert en valjouffrey
Le Désert en Valjouffrey
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Dans le hameau de Valsenestre

Nous sommes en Valjouffrey dans un pays de prairies alpines, de forêts variées mêlant feuillus et conifères, et de hauts sommets majestueux aux pentes abruptes. Tout comme en Oisans tout proche, les vallées sont profondes et les murailles minérales, spectaculaires. Laissons la parole à un auteur amoureux du Valbonnais :

“La vallée de Valjouffrey possède dans le bas de merveilleuses forêts, ou la verdure fraîche et les tons gris des hêtres et des bouleaux se mélangent aux verdures sombres et aux troncs rouges des pins sylvestres, où le tendre vert des mélèzes éclaire le vert bleu des sapins. Pareil mélange est très rare dans les Alpes.
Ici, il est encore mis en valeur par l´intensité des couleurs d´un ciel déjà méridional et par les cimes blanches de son horizon ; c´est bien un des plus jolis sites des Alpes françaises “.

Maurice Paillon, Les Alpes françaises.

Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
La forêt de Combe Oursière


Le Désert-en-Valjouffrey et Valsenestre sont tous deux situés sur le tracé du GR54, le Grand Tour de l’Oisans et des Ecrins, et chacune des variantes du GR54 passe par eux, prévoyant une nuit au Désert, une nuit à Valsenestre. La majeure partie des flux touristiques en Valbonnais est constituée des randonneurs sur le GR – je raconte mes étapes dans le Valbonnais dans le récit de mon trek sur le GR54.
Mais après le GR, j’ai eu envie de revenir en Valbonnais pour explorer d’autres coins encore plus méconnus : le refuge de Font Turbat, qui est un « cul de sac » (excepté pour les alpinistes) en dehors de tout GR, et donc un véritable îlot hors du monde, la randonnée de Combe Oursière, ou encore le très beau et méconnu Lac Labarre.

Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
Au Col de Côte Belle sur le GR54

Le Désert-en-Valjouffrey, dernier bastion avant la montagne

Les déserts en Isère évoquent des lieux de solitude mystique et caillouteuse, où Dieu se niche entre les pierres et les cimes. En Chartreuse, le Désert est celui des moines. En Valbonnais, le Désert est ici, au bout de la route, dans ce dernier bastion de vie paysanne et artisane avant le règne des pentes. La chapelle Sainte Anne veille sur les âmes esseulées depuis le temps de Louis XIV. Le pic de Valsenestre, l’aiguille des Marnes, la pointe de Marceline et le pic des Souffles ferment l’horizon. Impossible d’aller plus loin en voiture, il faudra prendre ses bâtons de marche, ou ses crampons d’alpinisme.
Sur le GR54, on arrive au Désert-en-Valjouffrey depuis le Valgaudemar, en franchissant les terribles schistes noirs du Col de la Vaurze après avoir dormi au refuge des Souffles. On dit que les noms de Valjouffrey et Valgaudemar seraient un héritage germanique : le roi burgonde Gaudemar battu par les Francs aurait trouvé refuge dans le Valgaudemar, et son compagnon d’armes Josfredi, dans le Valjosfredi, devenu Valjouffrey. La véracité historique de la légende est incertaine, mais j’ai envie d’y croire : si j’étais un roi germanique en déroute, je trouverais ici mon dernier sanctuaire, loin du monde.

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Au dessus du Désert en Valjouffrey, en route vers le Col de la Muzelle

Bonnes adresses au Désert-en-Valjouffrey

La nuit au Désert n’a rien de commun avec les cellules spartiates d’une chartreuse : ici, on dort au gîte communal Les Arias, qui est beau, coloré et chaleureux. Récemment refait à neuf, il a les dortoirs les plus confortables du GR54, des prises près de chaque lit (luxe ultime !), et un bar-resto délicieux rempli de spécialités locales, ancrées dans le terroir : il est labellisé Esprit parc national. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce lieu atypique et convivial où nous avons été accueillis par deux fois avec une grande gentillesse, sur le GR54 et à notre retour en Matheysine. La croziflette est fabuleuse, les desserts à la myrtille sont les meilleurs de notre GR, et le sourire des tenancières est contagieux : l’ambiance est très chaleureuse.

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Le gîte des Arias

Au Désert-en-Valjouffrey, on pourra aussi boire un verre au Bar des Ecrins, dans la rue principale du hameau, où on retrouve plein d’alpinistes et grimpeurs les doigts tout abrasés par le caillou, fatigués mais joyeux.
On ira découvrir le monde des plantes et de leurs vertus à l’herboristerie des Alaissies, labellisée Esprit parc national. Dans son jardin féerique, rempli de plantes et de fleurs aux noms charmeurs, Martine y enseigne la fabrication de baumes naturels : ses ateliers sont très sympathiques et instructifs, et j’ai beaucoup aimé le fait de repartir avec mon baume à lèvres 100% made in Ecrins, bio et naturel.

Si on continue à remonter le cours de la Bonne, on part en randonnée en direction du refuge de Font Turbat.

Le refuge de Font Turbat à Valjouffrey : face à la face Nord de l’Olan

Au bout du bout du monde, là où les sentiers boutent sur la falaise, se niche un refuge hors du temps : Font Turbat. Situé à 2169 m d’altitude sur un balcon au milieu des rochers, ce refuge isolé incarne l’essence même de la haute montagne. Il est d’ailleurs autant fréquenté par les alpinistes que par les randonneurs. Car le refuge de Font Turbat présente un attrait majeur : la sublime et terrifiante face Nord de l’Olan. Impossible de se tenir plus près du mythique ogre du Valbonnais.

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La face Nord de l’Olan

La face nord de l’Olan, avec ses mille mètres de glace et de pierres instables, est l’une des parois les plus mythiques des Alpes françaises. Située dans le massif des Écrins, elle domine la vallée du Valjouffrey de son imposante stature et attire depuis des décennies les alpinistes en quête de défis. Le jour de notre venue à Font Turbat, nous avons assisté en direct à un sauvetage d’alpinistes heureusement sains et saufs, mais épuisés et submergés par l’ampleur de la mission. C’est notamment pour Font Turbat que Valjouffrey fait partie des 7 villages d’alpinisme des Ecrins, comme La Grave et Villar d’Arène.

Les faces Nord, celles qui voient peu le soleil, celles qu’épouse toujours la glace, sont souvent légendaires dans l’histoire de l’alpinisme. Plus raides, plus dangereuses, plus radicales, elles représentent un combat perpétuel, dans le froid, l’ombre et la verticalité du versant le moins amène de la montagne. L’immense grimpeur Gaston Rébuffat a consacré un livre entier aux faces Nord, Etoiles et tempêtes, le légendaire Lionel Terray leur consacre de nombreuses pages des Conquérants de l’inutile.

  « Ces faces nord que le soleil n’éclaire qu’en biais, brièvement, sont froides, sévères et rudes. Elles sont l’univers des ombres, des rochers noirs, de la glace bleutée. Mais elles fascinent. »

Étoiles et Tempêtes, Gaston Rébuffat
Font Turbat
Soleil couchant sur la face Nord de l’Olan

“Il y a une attirance presque mystique dans ces parois austères et terribles, un appel irrésistible pour ceux qui recherchent plus qu’un simple sommet, mais une communion avec la montagne dans sa forme la plus pure et la plus brutale.”

Lionel Terray, Les Conquérants de l’inutile

Si le sommet de l’Olan a été foulé dès 1875 par Coolidge, Almer et Roth, la cordée est passée par une voie plus facile, qu’on nomme aujourd’hui voie normale, et la face nord n’a été conquise qu’en 1935 par Lavigne et Lachenal (un autre représentant de cette légendaire « cordée 21 » à laquelle appartenaient aussi Rébuffat et Terray, hélas mort sur la Mer de glace à Chamonix). Le grand René Desmaison, qui repose aujourd’hui dans un caveau en forme de montagne à la Mère Eglise dans le Dévoluy, était prédestiné à s’attaquer à ce monstre friable qui ressemble beaucoup aux reliefs de sa dernière demeure. Il a ouvert une voie qui porte son nom en face Nord de l’Olan, réputée pour son engagement et sa difficulté. Quant à la Face nord intégrale, elle demeure aujourd’hui encore une des voies les plus difficiles des Ecrins et des Alpes françaises en général.
A Font Turbat, vous avez un balcon panoramique sur toutes ces voies (et éventuellement, sur les alpinistes en train de suer sang et eau dedans), une vue sans pareil au plus près de la face, mais la bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas à vous engager dedans, vous avez le droit de boire un thé, manger un cookie et profiter de la vie.

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Dîner sympa à Font Turbat
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En train de pratiquer des activités sans danger à Font Turbat, photo Caroline

La randonnée pour Font Turbat : entre cascades et vallons suspendus

On s’élance au départ du Désert-en-Valjouffrey dans le vallon de la Bonne, en remontant le courant. La première halte est proche du village, et accessible à ceux qui souhaitent une simple balade : la très belle et spectaculaire cascade de la Pisse, havre de fraîcheur rugissante dans ces immensités rocheuses.


Tout le Valbonnais a été sculpté par les glaciers lors des grands âges froids, et le fond du vallon témoigne du passage des monstres gelés : un grand espace ouvert, cerné de parois abruptes, et jalonné de blocs erratiques autrefois charriés par la moraine du glacier.

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Au fond de la vallée glaciaire


A l’issue de la traversée du fond de vallée, lorsque commence la montée vers le refuge, il vous faudra choisir entre deux itinéraires.

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A droite par le sentier classique, à gauche par le petit Vallon

  • Itinéraire classique : 920D+, 18,5km AR. Ce chemin monte de façon progressive en rive droite du torrent et conduit à Font Turbat sans difficulté technique particulière.

  • Font Turbat par le Petit Vallon : 1220 m D+, 20,5 km AR.
    Ce sentier, plus exigeant, traverse une lande de rhododendrons avant de monter à un vallon suspendu, le petit vallon, sorte de prairie alpine perdue au milieu des immensités minérales. La vue à la bascule entre le vallon et la descente vers Font Turbat sur la face Nord de l’Olan est époustouflante. Même s’il n’y a rien d’insurmontable, ce sentier à la fois plus technique et plus intense est à recommander aux randonneurs plus expérimentés.

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Le Petit Vallon, photo de Caroline

Dormir en refuge dans le Parc National des Ecrins : une expérience puissante

Comme un bateau au milieu des flots, un refuge est une île sur l’océan des montagnes, un espace de chaleur, de lumière et de convivialité. Un rare lieu fait pour les humains dans ce monde de roche, de glace et de pente où nous ne serons toujours qu’étrangers et invités…
Le parc national des Ecrins en compte une quarantaine. Dormir en refuge est toujours une expérience puissante et poétique, une immersion alpine au plus près des cimes. La majorité des refuges des Écrins ne disposent pas d’un accès routier et sont isolés au cœur de la montagne, ravitaillés à dos d’homme et, quelques fois dans la saison, par hélicoptère. Cela impose des règles, une certaine discipline, pour que tout se passe au mieux. Comme sur un bateau, chacun a son rôle à jouer… Si cela vous intéresse, j’ai écrit un article à ce sujet pour le site de Destination Parc National des Ecrins : les bons conseils pour une nuit sereine en refuge.

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Une nuit au refuge de Font Turbat

Malgré sa solitude rocailleuse, Font Turbat est un lieu chaleureux. Ici tout est fait maison, yaourt, gâteaux, gourmandises et les repas qu’on savoure sur la belle terrasse ensoleillée. Quand le jour descend, Font Turbat est un balcon sur le soleil couchant, et on verra la face Nord s’embraser de roux avant de plonger dans le mauve de la nuit.

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Le petit univers de Font Turbat

Refuge emblématique des Ecrins édifié en 1922, Font Turbat est une invitation à découvrir l’essence des refuges alpins : des lieux faits pour les humains au sein d’un monde sauvage, où nous ne sommes qu’invités dans les immensités de roche et de silence.

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Coucher de soleil à Font Turbat

De nombreux itinéraires d’alpinisme partent de Font Turbat. Côté randonnée, un sentier non officiellement balisé, mais bien marqué et sans grande difficulté technique permet d’accéder au Lac des Pissous, qui semble superbe. En revanche, l’accès au Valgaudemar (refuge des Souffles, refuge de l’Olan, La Chapelle en Valgaudemar) en franchissant le Col Turbat est une randonnée alpine classée R4 qui demande d’avoir le pied très sûr dans un terrain instable. La sente est cairnée, mais non marquée.

La balade sonore de La Chalp

Avant de quitter la vallée de la Bonne pour celle du Béranger, petite halte à la Chalp pour découvrir une balade sonore, promenade originale guidée par des récits audios qui révèlent l’histoire et les traditions du village, notamment autour du travail du bois avec l’ancienne scierie, des nombreuses chapelles du Valjouffrey, et des traditions agricoles de ce pays d’alpages. Il semblerait d’ailleurs que le « Désert » ne vienne pas de la solitude, mais du verbe « essarter » : défricher la forêt pour cultiver la terre, faire paître les animaux… et récupérer du bois !

Le hameau de Valsenestre : mon coup de foudre en Valbonnais

Nous sommes au bout du bout du monde, dans un village de montagne qui n’est habité que l’été, dans une de ces vallées secrètes dont l’Isère a le secret. Niché à 1294m d’altitude, Valsenestre n’a plus d’école depuis 1936, et la route n’est pas déneigée en hiver. Mais il a ce parfum d’éternité des lieux que le temps semble avoir oubliés et je vous encourage vraiment à venir explorer cette pépite préservée au cœur de nos Alpes. Valsenestre est pour moi l’un des plus beaux villages des Ecrins, et j’ai été fascinée par sa perfection visuelle.
Les sommets qui entourent ce vallon creusé par le Béranger culminent haut : 3126 m au Pic du Clapier du Peyron. A 2760 mètres, la tête de Ramu figure parmi les cimes emblématiques du hameau.

La chapelle Sainte-Marie-Madeleine trône ici depuis le XVIIe siècle, avec son campanile rustique et ses murs recouverts de vigne vierge. Moi qui suis une catho légèrement mystique et panthéiste sur les bords, j’ai été saisie par sa beauté sobre et émouvante, et par l’injonction écrite sur ses murs blancs : Dans la nature comme en ce lieu, écoute la voix de Dieu. Le clocher semble répondre aux pics qui la surplombent, dans une harmonie glorifiant la beauté de la création, montagnes et hommes, plantes et ruisseaux qui murmurent et voix qui implorent.

Une belle adresse à Valsenestre : le gîte d’étape Le Béranger

Au cœur du village entièrement piéton, au milieu des belles maisons de pierre et des chalets de bois, on découvre un gîte d’étape rempli de charme, Le Béranger, où on accueille chaleureusement les randonneurs, notamment ceux lancés sur le GR54. C’est lors de mon trek que j’ai dormi pour la première fois au Béranger, accueillie par un couple chaleureux et une chatte rousse belle et timide, dans une grande salle commune où l’ambiance montagne est forte, entre livres, posters, cartes postales et histoires échangées.
Je suis ensuite revenue goûter le dessert du Béranger, une sorte de dôme volcan qui fond sous l’action du chocolat chaud pour libérer toutes ses saveurs… délicieux ! Le lieu a beaucoup de charme et la table est savoureuse.

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Gîte Le Béranger à Valsenestre

Que faire en Valbonnais ? Sublimes randonnées autour de Valsenestre

Valsenestre mérite qu’on y passe quelques jours pour explorer les merveilleuses curiosités alentours.

Le col de Côte-Belle, Game of Thrones au pays des Ecrins

1000D+ suffiront à atteindre la curiosité géologique la plus incroyable des Ecrins, les orgues de Valsenestre. Ces formations géologiques uniques, surnommées les “orgues”, sont des lames de calcaire, dressées comme une bibliothèque de pierre. Elles sont nées de la formation des Alpes et créent un décor épique, digne du cinéma.Le col de Côte Belle fait partie du GR54, il est également accessible depuis Le Désert en Valjouffrey (même distance et dénivelé environ).

Départ de Valsenestre ou du Désert en Valjouffrey, 1000 m D+, 1000 m D-, environ 6 h.

Combe Oursière, la cabane de Boucle d’Or

Pour retrouver la cabane de Boucle d’Or et des 3 ours, rendez-vous à Combe Oursière. Entre mélèzes et lys, une belle montée sans trop de difficulté (700D+) et une ambiance de conte de fées. J’ai beaucoup aimé la montée remplie de fleurs et de fruits (framboises, groseilles, fraises des bois, un vrai jardin), cette atmosphère très douce qui invite à voler son bol à Petit Ours, et savourer un thé au milieu du mélézin… j’imagine les couleurs à l’automne !

Départ de Valsenestre, 700 m D+, 700 m D-, environ 4 h 30.

Que faire en Valbonnais, autour de Valjouffrey et Valsenestre? Refuge de Font Turbat et randonnées en montagne au coeur des Ecrins.
Ambiance un peu magique à Combe Oursière

Le lac Labarre, pépite secrète des Ecrins

Il me faudra revenir pour faire les 1200D+ qui conduisent au lac Labarre, qui fascine avec ses couleurs étonnantes et me semble absolument superbe. Un bijou alpin idéal pour les amoureux de solitude.

Superbe photo du lac prise par mon amie Caroline – par ici pour découvrir son article sur cette randonnée au lac Labarre et d’autres aventures en Valbonnais au coeur des Ecrins

Départ de Valsenestre, 1200 m D+, 1200 m D-, environ 6 h.

Le col de la Muzelle, en direction de l’Oisans

Valsenestre conduit à l’une des grandes ascensions légendaires du GR54 : le franchissement du Col de la Muzelle, un vertigineux mur de schistes noirs (1300D+). Il s’agit d’une étape prestigieuse du GR54, qui permet de passer du Valbonnais à l’Oisans : après le col, vous redescendez jusqu’au lac de la Muzelle, pour dormir au refuge du même nom. Etant donné l’ampleur de la randonnée et la rudesse de la montée au col de la Muzelle, je vous déconseille de le faire à la journée en aller-retour depuis Valsenestre. Cela vaut vraiment le coup de le vivre en itinérance, comme l’y invite le GR54.

Départ de Valsenestre, 1300 m D+, 1300 m D-, environ 7 h en aller-retour.

Le plan d’eau de Valbonnais pour se baigner

N’oubliez pas que la baignade est interdite ou vivement déconseillée dans le lac Labarre, le lac de la Muzelle, et tous les autres lacs d’altitude (dans le parc national des Ecrins et ailleurs) : ces milieux fragiles et isolés, riches d’une biodiversité rare, supportent mal le piétinement de leurs rives et les substances apportées par la peau humaine dans leur eau.
En revanche, en vallée, vous pouvez venir gratuitement nager au Plan d’eau de Valbonnais, une baignade rafraîchissante et nature dans un très joli cadre verdoyant.

Le Valbonnais, avec ses hameaux isolés, ses refuges nichés au cœur de la montagne et ses paysages sauvages, est une invitation à l’exploration. Chaque randonnée, chaque rencontre y fait grandir l’amour de la montagne. Alors, prêts à explorer ce pays caché au coeur des Écrins ?

Continuer à explorer la Matheysine

Puisque vous êtes venus en Matheysine, ne manquez pas de continuer l’exploration de ses curiosités touristiques.

Le lac de Monteynard avec ses eaux d’un étonnant bleu laiteux, sa vue sur le Mont Aiguille et ses passerelles himalayennes, invite à la randonnée et aux balades en bateau.

lac de monteynard
Le lac de Monteynard en automne

Pour se baigner, on lui préférera le lac du Sautet à Corps, avec ses eaux turquoise, ses plages et sa vue sur l’Obiou. A Corps, montez à Notre Dame de la Salette, deuxième lieu de pèlerinage français après Lourdes, avec une vue magique sur le Dévoluy, de saisissantes fresques d’Arcabas et une ferveur palpable.

notre dame de la salette
Notre Dame de la Salette

Pour un beau sommet accessible, montez sur le Sénépy, et pour le ski, les activités neige, la luge et l’ambiance front de neige, rendez-vous à l’Alpe du Grand Serre et au Col d’Ornon, les deux stations de la Matheysine.
A la bascule entre Oisans et Matheysine, le superbe plateau des lacs du Taillefer est un paradis de la randonnée avec vue sur la Meije.

Enfin, un incontournable de la région est le petit train de la Mure, le train rouge suspendu entre viaducs et montagne, avec une vue imprenable sur le lac de Monteynard !

Un grand merci à Elsa (Destination Parc National des Ecrins), Capucine (Matheysine Tourisme), Caroline (Hikes and Travels) et Adrien pour ces belles aventures vécues ensemble.

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