Le parc national des Écrins, trésor à préserver-
Tout amoureux des Alpes connaît le parc national des Écrins, ou rêve de l’arpenter un jour. Comprendre la réglementation du parc national des Écrins, et en quoi elle aide à protéger le trésor qu’il incarne : tel est l’objet de cet article. Depuis maintenant plus de 50 ans, le parc national des Ecrins veille sur un immense espace naturel embrassant sept massifs des Alpes du Sud. Des sommets aussi emblématiques que la Barre des Ecrins (4102m), la Meije, l’Ailefroide, le Pelvoux ou l’Olan, des glaciers légendaires comme le Glacier Blanc, des centaines de kilomètres de sentiers de randonnées, des villages mythiques dans l’histoire de la montagne française, comme La Grave, Saint-Christophe-en-Oisans ou Vallouise, et une richesse animale et végétale d’exception, tel est le trésor des Ecrins. Plus de 4500 espèces animales et végétales s’épanouissent ici et jouissent de règles strictes qui protègent leur survie. Pourquoi est-il interdit, dans le périmètre du cœur de parc, de faire voler un drone, de circuler à VTT, d’avoir un chien même tenu en laisse, ou encore de jeter un trognon de pomme ? La règlementation du parc national des Écrins est intransigeante et des gardes veillent à son respect. Essayons de la comprendre ensemble.
Pourquoi le parc national des Écrins ?
Commençons avec quelques chiffres, tirés du site du parc national des Écrins.
Le parc est officiellement fondé le 27 mars 1973. Il fut alors le 5e parc national à être créé en France. Notre pays en compte désormais 11.
Le parc national des Ecrins s’étend sur deux départements et deux régions françaises : l’Isère (Auvergne Rhône Alpes) et les Hautes-Alpes (Provence Alpes Côte d’Azur).
Le cœur du parc, la zone la plus protégée, celle où la réglementation la plus stricte s’applique, couvre 93 000 hectares.
La zone d’adhésion, à laquelle appartiennent 49 communes, couvre quant à elle 159 600 hectares. 7 maisons du parc accueillent les visiteurs.
L’altitude du parc s’étend entre 700 et 4102 mètres (le sommet de la Barre des Écrins) : il s’agit résolument d’un territoire alpin, montagnard et escarpé.
Il comprend 7000 hectares de glaciers, 41 000 hectares de forêts, et 104 000 hectares d’alpages, des prairies pâturées l’été par des troupeaux. Cet équilibre entre la haute montagne, la forêt et les estives sillonnées par les bêtes et leurs bergers, entre la nature et les hommes, fait tout l’essence du parc national des Ecrins, qui est profondément ancré dans la culture des Alpes du Sud. Alpinisme et pastoralisme, espaces inaccessibles et terres arpentées par les hommes, animaux sauvages et domestiques, tous font intégralement partie de son identité.
Enfin, il comprend 750 km de sentiers entretenus, balisés, gérés par les agents du parc et accessibles librement et gratuitement à tout marcheur. Contrairement à ce qui se passe dans les grands parcs américains, qui font souvent payer des droits d’accès, la culture française tient beaucoup à cette gratuité. Un parc national est un bien commun.
Le parc a été créé en 1973 avec trois missions principales : la connaissance scientifique (étudier ce milieu d’exception), la protection (préserver la faune et la flore avec le moins de dérangement possible), et enfin le partage : le travail des agents du parc permet de rendre la montagne accessible à tous et de la protéger durablement, pour que chaque génération ait à son tour la chance d’explorer ces massifs fabuleux, de rencontrer des animaux qui ne craignent pas d’être chassés, et d’admirer des fleurs que rien n’aura bétonné et arrasé. Les drapeaux français qui marquent le passage en cœur de parc ont pour moi un double sens très fort : ceci est un trésor national, qui doit être protégé par tous, et dont chaque citoyen a le droit de jouir dans le respect des règles. Il est d’ailleurs interdit de venir armé dans le cœur du parc national, ce que je trouve symboliquement très fort.
Le parc national, c’est un pacte perpétuellement renouvelé entre les acteurs du terroir, les voyageurs, la faune, les scientifiques et la montagne elle-même. Un équilibre à préserver, jour après jour, par le travail des agents, l’engagement des habitants et les petits gestes accomplis par les visiteurs. Notamment le respect des règles.
Comprendre les règles du parc national : rencontre avec un garde à La Bérarde
Après mon trek sur le tour gourmand en Oisans à l’été 2023, je me rends à La Bérarde pour y rencontrer Pierre-Henri, garde moniteur du parc national, basé en Isère.
La Bérarde est un « hameau du bout du monde » et un lieu mythique dans l’histoire de l’alpinisme.
L’hiver, le hameau (qui dépend de la commune de Saint-Christophe-en Oisans) est quasiment inhabité, à l’exception de quelques irréductibles, et il arrive hélas souvent que des avalanches, des inondations ou des glissements de terrain coupent la route d’accès.
La route s’achève ici, l’Isère aussi. A La Bérarde, on arrive à un cul de sac : les chemins des hommes viennent buter sur la monstrueuse muraille de montagnes, la Barre des Ecrins, le plus haut sommet de France jusqu’en 1860. Pour passer de l’autre côté (Vallouise, La Chapelle-en-Valgaudemar), c’est un immense détour par la route. A pied, c’est une aventure : le GR54, le grand tour de l’Oisans et des Ecrins.
Le Vénéon, la plus belle rivière des Alpes à mes yeux, prend sa source non loin d’ici, dans le glacier de la Pilatte. On le voit cascader, bleu et laiteux, au milieu d’énormes blocs rocheux. C’était le village de Pierre Gaspard, le premier alpiniste à conquérir la reine des Alpes du sud, la Meije. La Bérarde est un lieu mythique, au cœur du cœur de l’Oisans et des Ecrins, où on sent battre le pouls de la montagne.
Le vallon des Étançons à La Bérarde
Pierre-Henri nous conduit dans le vallon des Étançons, un lieu emblématique qui incarne nombre de particularités et d’enjeux du parc.
C’est d’ici que sont partis Pierre Gaspard et ses deux acolytes lors de la conquête de la Meije, en 1883. Ils ont traversé le vallon des Étançons, et ont remonté la face sud de la montagne mythique, par cet envers inexploré. Et de l’autre côté du vallon trône la Barre des Écrins. Nous sommes réellement enchâssés entre deux sommets de légende, le roi et la reine des Écrins. Difficile de se sentir plus proche de la haute montagne et de l’histoire des Écrins.
C’est un vallon traversé par deux torrents glaciaires, celui de Bonne Pierre et celui des Étançons. Issus directement de la fonte des glaciers, ces deux cours d’eau sont sujets à ce qu’on appelle le régime torrentiel : ils peuvent entrer en crue de façon soudaine et destructrice lors d’un orage. Au moment de notre visite, à l’été 2023, le refuge du Châtelleret vient d’être frappé par une lave torrentielle qui n’a heureusement pas fait de victimes, mais gravement endommagé le refuge et mobilisé énormément de monde pour secourir, déblayer et protéger. Presque chaque année, les torrents du vallon des Etançons emportent les sentiers, arrachent des ponts, forçant les agents du parc à un travail de Sisyphe. L’entretien des chemins en haute montagne, et tout particulièrement sous l’influence du réchauffement climatique, c’est un travail de titan et qui doit être perpétuellement recommencé. La haute montagne est le premier témoin du réchauffement climatique et les gardes du parc ont un énorme travail d’adaptation, de sécurisation et de sensibilisation à mener face à la fonte glaciaire et aux dangers qu’elle entraîne (déstabilisation de la montagne, chutes de pierre, éboulements, laves torrentielles, etc). La liberté de venir randonner à pied dans le parc national des Écrins est garantie par le travail colossal des agents du parc. Chaque année, des crues, des avalanches et des torrents de boue frappent les sentiers, et chaque année, le parc rénove, restaure, entretient les chemins pour que nous puissions profiter de ce trésor.
Le vallon des Étançons est une terre agricole, un alpage pâturé par les troupeaux en été. Mais aujourd’hui, en raison de la déprise, la friche menace de gagner du terrain, fermant les paysages, remplaçant les prairies ouvertes par des terres de broussailles. Comme ailleurs en France, les exploitations ne sont souvent pas reprises quand un agriculteur part à la retraite. Le retour du loup dans les Ecrins, qui force les éleveurs à des adaptations souvent lourdes, ne facilite pas la situation. Mais là où un troupeau disparaît, le paysage s’appauvrit. Les prairies montagnardes, réserves fabuleuses de biodiversité et patrimoine culturel inestimable, sont menacées. Le parc national n’est pas l’ennemi des activités agricoles et productrices, bien au contraire : il est du côté des bergers, des agriculteurs, des acteurs du terroir qui vivent du tourisme. Les gardes du parc travaillent main dans la main avec eux. Nature sauvage, culture humaine, les deux font l’identité des Écrins. Plus loin dans cet article, je vous parlerai du label Esprit parc national, qui fait le trait d’union entre ces deux engagements.
Enfin, le vallon des Étançons est un lieu de tourisme. Parce qu’il est assez facile d’accès, il est une porte d’entrée pour les familles et les marcheurs occasionnels, un site sublime et qui ne nécessite pas un effort sportif trop engageant. Cette facilité est parfois une menace. Tout comme d’autres sites des Ecrins victimes de leur popularité (par exemple le lac du Lauvitel), il peut être ponctuellement victime de surtourisme : trop d’affluence, et trop de gens qui ne connaissent ou ne respectent pas les règles du parc national. Pour les écogardes, cela peut être difficile à vivre certains week-ends d’été, quand ils tombent nez à nez avec des VTT, des feux, des enceintes sonores, des déchets et autres nuisances. C’est l’occasion de rappeler que les gardes moniteurs sont assermentés et qu’ils font partie de la police de l’environnement : ils ont le droit de verbaliser les contrevenants et d’exiger le paiement d’une amende. Mais leur rôle est aussi pédagogique et éducatif. Un lieu populaire, c’est aussi une occasion fabuleuse d’aller à la rencontre du public, de le sensibiliser, de lui faire prendre conscience du caractère exceptionnel de ce milieu et de l’importance de sa préservation. Quiconque a été émerveillé par le parc national des Écrins, touché par sa fragilité et sensible à sa préservation, aura envie de le transmettre, intact dans sa beauté et sa magie, à ses enfants et à ses petits-enfants.
Le parc reste un espace de liberté : il permet à chacun, en piéton discret et respectueux, de jouir d’une montagne sublime sur des sentiers entretenus et perpétuellement adaptés aux bouleversements climatiques. Mais les règles du parc sont précises et il est impératif de s’y conformer. Aucun feu, aucun déchet – pas même organique -, aucune trace de son passage, aucun chien même tenu en laisse, ni VTT ni drone, aucune nuisance sonore : nous sommes invités dans un espace exceptionnel, il nous appartient d’être des hôtes discrets et respectueux. Certaines règles sont faciles à comprendre : pas de feu, pas de déchets, c’est une évidence partout en montagne, parc ou pas parc. Mais d’autres sont moins intuitives. Pourquoi est-ce que je n’ai pas le droit de venir avec mon chien tenu en laisse ? De faire du VTT ? De jeter un trognon de pomme ? J’ai pu discuter de tout cela avec Pierre-Henri et éclaircir certains points. Revenons sur la réglementation du parc national des Ecrins, et notamment sur certains points.
Retrouvez la réglementation complète ici sur le site du parc – vous pouvez cliquer sur les différents liens afin de trouver des articles détaillés.
La règlementation du parc national des Ecrins
A l’entrée du cœur de parc, de grands panneaux récapitulent en pictogrammes facilement intelligibles la réglementation. On y lit :
Parc National des Écrins
Pas de chien, même tenu en laisse.
Ni cueillette, ni prélèvement.
Pas d’arme.
Pas de déchets.
Pas de feu.
Ni bruit, ni dérangement.
Pas de camping.
Bivouac autorisé à une heure de marche des limites du cœur entre 19h et 9h.
Pas de véhicule.
Pas de VTT.
Toute infraction peut donner lieu à une amende.
Pour davantage d’informations, renseignez-vous auprès des Maisons du Parc National des Écrins.
Et si on reprenait les règles ensemble, une par une ?
Pourquoi pas de chien dans le cœur du parc national des Écrins ?
C’est sans doute la règle qui a soulevé le plus de questions auprès de mes followers sur Instagram, et je le comprends. Moi aussi, je suis propriétaire d’une chienne golden que j’adore, Nevada. J’aime voyager avec mon chien, j’aime randonner avec mon chien. Ma chienne est obéissante, gentille, marche bien en laisse, et ramasser ses déjections ne me pose aucun problème. Alors, pourquoi ne puis-je pas l’emmener au cœur du parc national des Écrins ?
Les chiens sont tolérés en dehors du cœur de parc, à condition d’être tenus en laisse. En revanche, dès lors que vous franchissez les limites du cœur (signifiées par des panneaux, et la présence de drapeaux français sur les rochers), vous entrez dans la zone de protection maximale et ils sont strictement interdits, même tenus en laisse, même portés dans un sac : c’est leur odeur qui est une source d’effroi et de dérangement pour la faune sauvage. De nombreuses espèces animales ont très peur des canidés, notamment depuis le retour du loup dans les Alpes françaises. L’humain n’est plus associé à une menace, car depuis la création du parc en 1973, les animaux du parc ne sont plus chassés. La présence calme de randonneurs ne va pas perturber de façon excessive la faune du parc, qui s’est habituée à nous. Mais la présence d’un chien même bien dressé et tenu en laisse peut être la cause de graves dérangements : l’odeur du canidé terrorise de nombreuses espèces, notamment celles qui ont déjà eu affaire au loup. Les conséquences peuvent être terribles : femelles qui abandonnent leur nid et condamnent leur progéniture à la mort, avortements spontanés… De plus, j’ai lu sur le site du parc un article qui m’a beaucoup marquée sur les attaques d’animaux sauvages par des chiens . Même un chien bien dressé, gentil et obéissant, peut réveiller un instinct de prédateur insoupçonné dans certaines circonstances, et devenir une menace de mort pour la faune sauvage.
Ni cueillette, ni prélèvement dans le parc national des Écrins
J’ai posé tout de suite la question à Pierre-Henri : moi qui adore les myrtilles et les framboises et qui me suis régalée sur mon tour gourmand en Oisans, avais-je le droit ? La réponse est oui. J’avais le droit de cueillir, à la main, sans contenant, sans aucun autre but que la consommation immédiate, une poignée de myrtilles ou de framboises que j’allais manger tout de suite. Grignoter quelques framboises sur un sentier de randonnée n’est pas interdit (ouf !). Mais je n’ai pas le droit d’amener avec moi un sachet ou un bocal pour en prendre de plus grandes quantités, absolument pas le droit de couper, déraciner, arracher, prélever une plante ou une racine. Nous sommes dans un milieu exceptionnel et préservé. Notre impact sur la biodiversité doit être le plus faible possible.
Pas d’arme dans le parc national des Écrins
C’est l’évidence absolue. Pas de chasse, pas d’arme. J’aime cette vision d’un rapport apaisé avec la montagne, où nous sommes là pour contempler, et non pour prélever.
Ne laisser aucun déchet
Cette section ne devrait nécessiter aucune explication (et encore, je suis choquée de ce que je découvre parfois en randonnée)… et pourtant, une question subsiste souvent : celle des déchets organiques. Toute personne de bonne foi sait qu’une cannette de soda, une bouteille de bière, un paquet de chips ou un mégot de cigarette n’ont rien à faire en montagne. Mais quid des déchets organiques ? Du trognon de pomme ou du papier WC ? Voici la réponse : AUCUN déchet.
Concernant l’épineuse question du caca dans la nature : la question des excréments humains est un vrai problème sur certains circuits de randonnée. Pour faire caca de façon éthique, il faut éviter au maximum de le faire dans la nature, essayer de privilégier de vraies toilettes (par exemple en allant prendre un café ou une tarte aux myrtilles dans un refuge, et en en profitant pour utiliser les WC). Mais si on n’a pas le choix ? Il faut s’éloigner le plus possible des sentiers et des cours d’eau, prendre le papier WC avec soi dans un sac poubelle pour ne rien laisser sur place, et enterrer le reste.
Concernant le trognon de pomme : le parc national des Ecrins est un milieu protégé, où une faune sauvage s’épanouit avec le moins de dérangement possible. Introduire dans le parc des restes de nourriture peut rendre malade certaines espèces (on a par exemple vu le cas de marmottes tuées par de la nourriture humaine inadaptée), mais aussi modifier leur comportement naturel et leur nuire indirectement. Si un animal se met à quémander de la nourriture auprès des randonneurs, il risque de devenir agressif ou trop intrusif, et sera peut-être abattu s’il pose un danger pour la sécurité. Si une marmotte s’habitue à manger des chips et des bonbons apportés par les randonneurs au lieu de manger de l’herbe pour se préparer à l’hibernation, elle risque de ne pas survivre à la prochaine saison froide. Ne pas interagir avec les animaux évite de les mettre en danger.
Pas de feu dans le parc national des Ecrins
Je suis radicalement contre la mode des feux en pleine nature qu’on voit sur Instagram, dans un parc national ou ailleurs. Le feu est dangereux : on a vu l’exemple de monstrueux incendies ravageant des espaces naturels magiques, comme le cap Taillat dans le Golfe de Saint Tropez, à cause de l’imprudence des gens. Et même contrôlé, le feu est terrible pour les sols : la montagne est un milieu hostile et fragile. Une plante dans un environnement alpin peut mettre plusieurs années à grandir d’un centimètre. Le feu brûle le sol, les racines, rend l’espace brûlé impropre à la croissance des végétaux durant plusieurs années, et met en péril la survie de certaines plantes rares. N’amenez aucune flamme ouverte dans la nature.
Ni bruit, ni dérangement
Rangez vos enceintes ! J’ai été très choquée de voir le lac du Lauvitel, espace pourtant protégé en cœur de parc, transformé en véritable camping paradis certains soirs d’été, avec tentes à foison et soirée karaoké. Cela est totalement contraire à l’esprit d’un parc national, qui est un sanctuaire refuge pour les animaux. Le bruit dérange la faune, l’empêche de se nourrir, de dormir, de se reproduire, de se déplacer librement. Il est source de stress, d’anorexie ou d’abandon des nids. Soyons discrets, bouclons-la.
Camping & bivouac dans le parc national des Ecrins
Le bivouac est toléré dans le parc, à condition de respecter des règles strictes. Il s’agit de dormir une nuit en dérangeant le moins possible, pas de monter un camping. On demandera aux bivouaqueurs de s’installer à plus d’une heure de marche des limites du cœur de parc, de monter leur tente après 19h et de la ranger avant 9h, de ne laisser aucune trace de leur passage – ni déchet, ni papier WC, ni quoi que ce soit, même un déchet organique –, de ne faire aucun feu, de ne surtout pas faire de vaisselle ou utiliser de savon dans les lacs et cours d’eau, et de s’astreindre à une vraie discrétion pour ne pas perturber la faune. Le bivouac, c’est une tente montée pour la nuit, le camping, c’est une tente qui reste plus longtemps, durant la journée, etc. Il est interdit de monter un vrai campement. Il est aussi important d’être sensible à la question du surtourisme. Aujourd’hui, le bivouac menace d’être interdit dans certains espaces soumis à une pression trop importante, comme par exemple le Lauvitel ou le plateau d’Emparis. Interdire est contraire à l’esprit du parc, mais face à l’afflux, la question est soulevée en raison de l’impact trop élevé sur une zone précise. En tant que grande amoureuse du bivouac, c’est un sujet qui me chagrine, mais je comprends les enjeux… et j’ai décidé, lors de mon grand tour de l’Oisans et des Écrins, de dormir en refuge, pour toutes sortes de raisons que je détaille dans l’article.
Pas de véhicule, pas de VTT, pas de drone
Il existe des sentiers VTT en dehors du cœur de parc : le parc national des Ecrins compte, dans la zone d’adhésion, de nombreux itinéraires cyclistes. Mais dans le cœur même, on laissera tout en dehors, véhicules 4×4, VTT, drones.
Les drones, qui arrivent du ciel et sont perçus comme de super prédateurs, terrorisent de nombreuses espèces. De même, les VTT ou le snow-kite ont une vitesse « anormale » qui effraie la faune. Dans le parc, la règle est claire : on marche.
Et le cheval ?
Information pour les cavaliers : il n’est pas interdit de se déplacer à cheval en cœur de parc. Le cheval étant un herbivore, il n’est pas perçu comme une menace pour la faune sauvage – il facilite d’ailleurs souvent l’observation, je l’ai souvent vécu lors de mes randonnées équestres. Mais j’émets une réserve importante : le parc national des Ecrins est un milieu de haute montagne, escarpé, pentu, raide, caillouteux. De nombreux sentiers que j’ai arpentés à pied dans le parc m’auraient terrifiée à cheval, et il n’existe pas d’itinéraire équestre balisé. En tant que cavalière, je recommande donc plutôt aux passionnés d’équitation ayant envie de rando équestre en montagne de se rapprocher des clubs hippiques installés en altitude afin de pouvoir se promener sur des sentiers balisés et connus, comme par exemple à l’Alpe d’Huez, dans les Alpes de Haute Provence ou en vallée du Giffre. Dans le parc national des Écrins, certains centres équestres proposent l’été des randonnées à cheval sur le plateau d’Emparis, une expérience que j’aimerais beaucoup vivre. Le cheval en montagne, c’est fabuleux, en sécurité, c’est mieux !
Les règles du parc national des Ecrins ont toutes un sens, et les gardes moniteurs sont assermentés pour les faire respecter. Œuvrons tous ensemble à la protection de milieu d’exception.
Et en dehors du respect scrupuleux de la réglementation, qu’est-ce qu’on peut faire en tant que touriste pour soutenir la démarche du parc ? Consommer dans les établissements labellisés Esprit Parc National !
Le label Esprit Parc National
Qu’est ce que la marque Esprit Parc National ? Je cite le site des parcs nationaux de France :
La marque collective Esprit parc national a pour ambition de fédérer les acteurs économiques de chaque parc national en valorisant leurs produits et services et, par le biais d’un acte de consommation, de sensibiliser le consommateur aux principes du développement durable.
Parcs nationaux de France
Elle se décline dans chacun des 11 parcs nationaux de France, avec un logo identifiable commun à tous (celui des parcs nationaux français, la spirale) et à chacun sa couleur : vert pour le Mercantour, bleu marine pour la Vanoise, violet pour les Ecrins…
Elle fédère des restaurateurs, des hébergeurs, des guides, des prestataires d’activités, des producteurs, etc, qui adhèrent à la charte du parc et s’engagent à œuvrer dans son esprit. C’est la garantie de soutenir l’économie locale, avec des produits du terroir cultivés sur le territoire du parc, et de bonnes pratiques environnementales et sociales. Sauvegarder l’environnement et soutenir les hommes et les femmes qui habitent le pays, le label Esprit Parc National répond à cette double exigence. J’ai eu l’occasion de manger, dormir, consommer chez de nombreux adhérents à la marque, et vous les retrouvez dans tous mes articles consacrés au parc national des Écrins.
L’auberge de la Meije à La Bérarde
Juste avant ma rencontre avec Pierre-Henri, nous avons eu le plaisir de déjeuner à l’Auberge de la Meije, à La Bérarde, qui appartient justement à ce réseau. Ancrage dans le terroir, produits locaux, valeurs écologiques, sens de l’accueil, discussions chaleureuses avec de vrais passionnés qui connaissent et adorent leur pays, exposition mettant en valeur des artistes de la région et une cuisine fabuleuse : ce moment réunissait tout ce que j’aime avec la marque Esprit Parc National, et je recommande chaleureusement l’adresse !
Je vais continuer à arpenter le parc, toujours dans le respect des ses règles bien sûr. Si vous voulez suivre mon aventure sur le GR54 cet été en direct : n’hésitez pas à me suivre sur Instagram ! De nombreux autres articles consacrés au Parc National des Ecrins arrivent sur Itinera Magica, n’hésitez pas à vous abonner à la newsletter.
Les images figurant dans cet article ont été réalisées dans le respect des règles en vigueur dans le cœur du Parc national des Écrins, avec l’autorisation du directeur de l’établissement public. Merci à la Destination Parc National des Écrins pour leur soutien, et tout particulièrement à Elsa.
Vous avez aimé cet article ?
Alors n’hésitez pas à le partager ou à l’épingler !
-
Pour suivre l’actualité d’Itinera Magica, aimez notre page Facebook
ou inscrivez-vous à notre newsletter
Merci pour votre soutien et à bientôt !
le 18 juin, 2024 à 7 h 46 min a dit :
[…] de respect. Certes, il ne fait pas partie de la zone cœur du parc national des Ecrins, où la réglementation la plus stricte s’applique. Il est ici possible de venir en VTT, ou d’avoir un chien tenu en laisse, ce qui n’est pas le […]
le 24 octobre, 2024 à 18 h 22 min a dit :
Le parc est tellement magnifique !