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30 décembre 2024    /    

A vélo en automne dans les Baronnies provençales-

Un voyage itinérant à vélo au cœur du parc naturel régional des Baronnies provençales, à la rencontre des artisans et producteurs qui sculptent ce terroir singulier, là où les Alpes et la Provence se rencontrent : c’est le séjour que nous avons vécu à l’automne dernier dans le pays de Sisteron Buëch, un voyage lent et doux empreint de beauté et d’authenticité.

À cheval entre ma Drôme chérie et les merveilleuses Hautes-Alpes, à deux pas du Diois et du Dévoluy, les Baronnies provençales sont une curiosité du Haut-Dauphiné, dans cette région magique où se fait la rencontre du soleil et de la montagne, du Sud et des Alpes. C’est un pays de lavandes, de rivières, de roches et de fruits. Autour d’Orpierre, de Serres et de Rosans, le pays de Sisteron Buëch déploie ses vergers, ses falaises vertigineuses et ses eaux turquoise coulant des rivières en tresse qui sillonnent les reliefs. C’est une destination que nous aimons profondément, et dont les charmes restent encore méconnus : les Baronnies provençales ont un goût de secret bien gardé qui ne fait que renforcer leur beauté.

Nous sommes venues vivre l’automne en Baronnies en mode slow life : à vélo au milieu des champs et à la rencontre des artisans et producteurs qui font battre le cœur des Baronnies. Car un parc naturel régional, ce n’est pas seulement une nature préservée, ce sont aussi les hommes et les femmes qui la façonnent : agriculteurs et artistes, tous artisans de leur terroir.
Et les Baronnies provençales en automne, c’est un festival de couleurs et de saveurs, de légumes anciens et de fruits, dans cette terre profondément agricole où les vergers et les champs ajoutent à la carte postale automnale. L’automne en Baronnies est réputé pour ses festivités agricoles, comme le célèbre Marché aux fruits anciens de la Toussaint qui se tient tous les ans fin octobre à Orpierre. C’est une belle saison pour explorer ce pays.

Un voyage d'automne à vélo dans les Baronnies provençales, à la rencontre des artisans et agriculteurs de ce terroir entre Alpes et Provence.
Le pays de Sisteron Buëch fin octobre, un festival coloré
bonnes adresses baronnies provençales
Automne doux et coloré entre Alpes et Provence
Un voyage d'automne à vélo dans les Baronnies provençales, à la rencontre des artisans et agriculteurs de ce terroir entre Alpes et Provence.
Beauté de l’automne en Baronnies provençales
automne baronnies

J’ai réalisé ce voyage d’automne à vélo dans les Baronnies provençales, à la rencontre des artisans et producteurs, en duo avec Marion Carcel alias Foehn Photographie, ma binôme photographe. Toutes les photos de cet article sont les siennes.

Un voyage d'automne à vélo dans les Baronnies provençales, à la rencontre des artisans et agriculteurs de ce terroir entre Alpes et Provence.
Marion tout en jaune face au Quiquillon à Orpierre

Voyager à vélo en Baronnies provençales : organiser son voyage

Tout notre itinéraire a été entièrement réservé par l’office de tourisme de Sisteron Buëch et ils peuvent faire la même chose pour vous. Ils commercialisent en direct de nombreux circuits, à pied, à cheval, à vélo ou en voiture, conçus avec soin, et ils peuvent réserver pour vous hébergements, transports de bagages… C’était déjà avec eux que nous avions vécu au printemps dernier notre très beau séjour randonnée GRP Tour des Baronnies provençales, à pied. Je vous laisse découvrir ici leurs séjours clefs en main en Baronnies provençales : culture, sport, sensations fortes, itinérances pédestres, équestres ou cyclables, tout est possible. Notre itinéraire était un combiné du circuit « A vélo sur la route des trésors d’Orpierre » et de « Randonnée, gastronomie et art à Rosans ».

Baronnies provençales automne
Atypique détour, une des belles adresses en Baronnies provençales dénichées par Sisteron Buëch !

Ce tour des Baronnies à vélo en pays de Sisteron Buëch nous a permis la rencontre chaleureuse avec celles et ceux qui ouvrent leurs ateliers aux voyageurs pour partager leur savoir-faire. Je vous parlerai dans cet article de la lavanderaie des Hautes Baronnies, de la spiruline d’Orpierre, de la forge de Rosans, de l’atelier Terre et Laine, des cueillettes de Marielle, des poteries d’art de Marion Richaume, sans oublier nos merveilleux hébergements, l’hôtel Logis le Céans et les chambres d’hôtes Atypique détour à Rosans et La clef de sol à Trescléoux. Nous avons adoré les saveurs et senteurs automnales des Baronnies provençales… J’aime infiniment ce pays de lavandes et de lumière, devenu en cette saison terre d’or et de pierre !

Un voyage d'automne à vélo dans les Baronnies provençales, à la rencontre des artisans et agriculteurs de ce terroir entre Alpes et Provence.
Orpierre, coup de foudre de ce beau séjour

Vélo en Baronnies provençales : voyager sans voiture, arriver en train

L’itinéraire proposé par Sisteron Buech est conçu pour pouvoir être réalisé sans voiture, avec un combo train+ vélo. Serres est accessible facilement en train (depuis Grenoble ou Valence par exemple) et donc un excellent point de départ pour ce tour en mode slow travel et bas carbone. Nous avons pris un autre TER jusqu’à Laragne et loué des vélos à assistance électrique chez RHL Cycles pour arpenter les routes ensoleillées.

Voyager avec train et vélo en Baronnies provençales : slow tourisme bas carbone
Voyager avec train et vélo en Baronnies provençales : slow tourisme bas carbone
Voyager sans voiture en Baronnies provençales, entre train et vélo
Voyager sans voiture en Baronnies provençales, entre train et vélo
Voyager sans voiture en Baronnies provençales, entre train et vélo
Location de nos vélos chez RHL Cycles à Laragne
automne vélo baronnies
C’est parti pour l’automne à vélo en Baronnies

Voyage d’automne en Baronnies provençales

L’automne est si beau dans le pays de Sisteron Buëch. Serres et ses eaux turquoise, Orpierre et ses falaises légendaires, Rosans et son prieuré, sont sublimés par la saison. Dans ce tour des Baronnies à vélo, on prend le temps de vivre, de savourer les couleurs et ambiances de ce voyage au long cours au cœur du parc naturel régional des Baronnies provençales, entre Alpes et midi. Pédaler au milieu des lavandes et des vergers, voir les sommets se découper au-dessus des eaux vives, goûter la douceur de l’arrière-saison… voyage au long cours !

Voyager sans voiture en Baronnies provençales, entre train et vélo
La beauté des Baronnies en automne, à savourer avec lenteur !
L'automne en Baronnies provençales

L’automne en Baronnies provençales : rencontrer les agriculteurs et producteurs

Un parc naturel régional, ce ne sont pas seulement des paysages, ce sont les hommes et les femmes qui les façonnent. Dans notre voyage d’automne au pays de Sisteron Buëch, nous avons fait de très belles rencontres avec ces producteurs qui sculptent ce terroir singulier entre montagne et midi.

Rencontrer les agriculteurs et producteurs des Baronnies provençales
Rencontrer les agriculteurs et producteurs des Baronnies provençales : de beaux moments partagés, comme ici avec Marielle, Olivier et leurs gros nounours à Ribeyret

A vélo en Baronnies : pédaler au milieu des vergers de pommiers

Nous étions en pleine récolte des pommes, et les vergers débordaient de pommes dorées : nous sommes au pays de la pomme des Alpes, l’IGP Alpes de Haute Durance. Ces pommes de variété Golden et Gala jouissent ici d’un climat exceptionnel, entre altitude et ensoleillement, ce qui leur donne leur texture ferme et croquante, leur équilibre parfait entre sucre et teintes acidulées. Les Baronnies provençales sont réellement un pays de moyenne montagne : les villages de Serres, Rosans, Laragne, Orpierre, sont tous situés à des altitudes de 500 à 700 mètres, avec des crêtes et sommets avoisinants dépassant les 1000, voire les 1500 mètres. Le point culminant des Baronnies provençales est le Duffre à 1760m – nous l’avons rencontré sur notre GRP Tour des Baronnies. Pour la pomme, un fruit dont le berceau est à chercher dans la chaîne du Tian Shan en Asie centrale, un fruit de montagne qui aime les automnes frais, c’est la recette parfaite : les pommes d’or du jardin des Hespérides, ce sont les golden des Alpes !

automne baronnies
Au pays des pommes en Baronnies provençales. Photos prises chez Marielle et Olivier (à gauche) et à La Clef de Sol où on nous a servi un excellent dessert à base de pommes.

Orpierre et or violet : la lavanderaie des Hautes Baronnies

Y a-t-il plus beau nom de village qu’ « Orpierre » ? Ce toponyme est beau comme une prophétie, une promesse de lumière et de magie ! Mais à Orpierre, l’or ne se cueille pas seulement sur les crêtes serties de feuillages mordorés et illuminées par un automne flamboyant, il pousse dans la terre en rangées bien ordonnées. « La lavande est l’âme de la Haute Provence », écrivait Jean Giono, que je citais dans mon livre Provence, les sillons du soleil. Le trésor de la région, c’est cet or violet qui enchante l’été : la lavande. Sur le logo du parc naturel régional des Baronnies provençales, la lavande vraie trône en majesté.
Il existe en effet plusieurs variétés de lavande. Aujourd’hui dans le monde, l’immense majorité des champs de lavande sont en vérité composés de lavandin, un hybride plus touffu et prolifique, dont la culture est plus facile et les rendements meilleurs.

lavanderaie des hautes baronnies provençales
Lavande fine dans le séchoir à lavande


Mais la lavande « historique », plébiscitée par la pharmacopée pour la qualité de son huile essentielle, c’est celle que les paysannes d’autrefois cueillaient à l’état sauvage sur les sentes escarpées quand elles menaient les troupeaux à l’alpage, c’est la lavande fine, dite aussi lavande vraie ou lavande de montagne. Elle est une plante endémique du sud de la France, et une plante alpine : j’ai été très surprise, lors de ma randonnée sur le GR54, de rencontrer autant de lavande sauvage.
A la Lavanderaie des Hautes Baronnies, Lucie et Florian sont tous deux descendants de cette polyculture ancestrale en Provence : leurs familles cultivaient et cueillaient la lavande parmi d’autres cultures (vignes, fruits, tilleul, un autre emblème des Baronnies…). Eux ont aujourd’hui choisi de se consacrer exclusivement à la lavande et à sa famille (lavandin, lavande aspic), mais de proposer dans leur superbe magasin à la Lavanderaie des Hautes Baronnies non seulement leurs propres produits, mais aussi une très large gamme de saveurs issues de leurs voisins et amis agriculteurs : la Lavanderaie des Hautes Baronnies est un temple de la lavande, mais aussi une vraie boutique de produits locaux en circuit court, avec confitures, tisanes, céréales, terrines, miel, etc.

lavanderaie des hautes baronnies provençales
Une boutique magnifique, à l’image de la qualité des produits proposés
lavanderaie des hautes baronnies provençales


L’arrivée à la Lavanderaie est enchanteresse : la boutique est de toute beauté, avec ses hauts murs mauves, ses bouquets, ses grands panneaux dessinés expliquant l’épopée florale provençale. Une grande exigence de qualité anime la famille : leurs lavandes sont non seulement cultivées en agriculture biologique, mais aussi inscrites dans le cahier des charges de l’AOP Huile essentielle de lavande de Haute Provence. La gamme de produits est aussi belle que riche : bouquets et sachets de lavande, huile essentielle, savons, bougies, tout me fait envie.
Mais le moment le plus mémorable que nous ayons vécu sur ce séjour, c’est ici : j’entre pour la première fois de ma vie dans un séchoir à lavande. Dans la pénombre mystique, les bouquets suspendus tête baissée décuplent leurs senteurs et composent un tableau d’une rare beauté. J’ai l’impression d’être dans l’atelier du sorcier : ici se crée la magie !  

lavanderaie des hautes baronnies provençales
Univers de senteurs et de beauté en Haute Provence à la lavanderaie
lavanderaie des hautes baronnies provençales

Les Cueillettes de Marielle à Ribeyret : un havre végétal en Baronnies provençales

Sur les hauteurs de Ribeyret, sous les crêtes et « serres » emblématiques des Baronnies enroulées dans le ciel comme autant d’escargots de pierre, Marielle nous accueille dans sa ferme. Chez Marielle, on cueille les plantes sauvages et du jardin pour confectionner tisanes, baumes et vinaigres puisant dans chaque saison leurs vertus. Marielle nous propose un atelier pour fabriquer nous-mêmes un baume relaxant, autour d’une tasse fumante. Son univers est un hymne à la nature et aux trésors qu’elle recèle. Spécialisée dans la cueillette de plantes sauvages, la transformation en tisanes, vinaigres aromatiques et onguents, cette artisane s’engage dans une démarche profondément respectueuse de l’environnement, dans la lignée du Syndicat des Simples. Cette charte, plus stricte encore que la certification AB, garantit une production artisanale éthique, sans serres ni plastiques, et un respect attentif des sols et des écosystèmes.

voyage d'automne en Baronnies provençales : les cueillettes de Marielle
Un cadre enchanteur
voyage d'automne en Baronnies provençales : les cueillettes de Marielle
Autour d’une tisane avec Marielle

Dès l’entrée, vous êtes accueillis par ses deux grands chiens, de véritables nounours poilus, qui veillent paisiblement sur la propriété. À ses côtés, son mari Olivier est un artisan du bois, qui façonne entre autres les ustensiles indispensables à l’atelier proposé par Marielle : bols, mortiers, pilons, tous issus de son travail minutieux.

Marielle cueille ses plantes en petites quantités, privilégiant la cueillette sauvage et locale. Soucieuse d’éviter l’utilisation de beurres exotiques tels que le karité ou la coco, elle préfère les huiles du terroir – olive, tournesol – pour composer ses onguents. Les macérations, réalisées à basse température (en dessous de 45 °C), préservent les propriétés des plantes et des huiles. Elle sait également extraire les principes actifs liposolubles dans l’huile, ou recourir à l’alcool pour certaines préparations, en faisant d’abord sécher les plantes quelques heures.

voyage d'automne en Baronnies provençales : les cueillettes de Marielle
Notre atelier avec Marielle

Le résultat ? Des produits vivants, ancrés dans le terroir, qui racontent la richesse des Baronnies. Dans cette ferme de Ribeyret, la cueillette n’est pas qu’une récolte, c’est une rencontre avec la nature, un geste éthique et réfléchi. Les textures, les senteurs, le toucher du bois façonné par Olivier, l’atelier lent et doux avec Marielle où nous choisissons nos plantes, les écrasons et plongeons dans l’huile, tout invite à renouer avec la simplicité et l’authenticité. Ici chaque gorgée de tisane est une leçon de patience et d’harmonie, dans un automne radieux où tout dit la générosité de la nature. Un joli moment.

voyage d'automne en Baronnies provençales : les cueillettes de Marielle

Découvrir les vertus miraculeuses de la spiruline à la Ferme pilote

La ferme pilote d’Orpierre ? Un lieu pionnier dans la production de spiruline, la micro-algue miraculeuse qui remonte aux origines du monde. François et Valérie nous accueillent chaleureusement dans leur maison aux couleurs d’automne, où les cueillettes de saison ont couvert la table de courges, de champignons et de citrouilles. Ils ont la gentillesse de nous servir une soupe chaude et un thé, et nous racontent l’histoire épique de la spiruline. Une soupe chaude nous est servie, confort gustatif après les intempéries, et c’est dans cette atmosphère conviviale que nous plongeons dans l’univers fascinant de la ferme pilote.

spiruline d'orpierre
Découvrir la spiruline à la Ferme pilote d’Orpierre
François et Valérie

La spiruline, François nous l’explique, est en réalité une cyanobactérie, souvent désignée par commodité comme une « micro-algue ». Vieille de plus de trois milliards et demi d’années, cette cyanobactérie a survécu à des conditions atmosphériques extrêmes, développant des mécanismes de protection remarquables. Découverte par les Français au début du XXe siècle au lac Tchad, elle a longtemps constitué la base de l’alimentation des populations locales, réputées pour leur grande stature et leur bonne santé. Cette richesse nutritionnelle s’explique par sa très forte teneur en protéines (jusqu’à 66%), en fer et en acides aminés facilement assimilables. Contrairement à des végétaux comme la chlorella, dont la paroi cellulosique est plus difficile à digérer, la spiruline se présente sous forme de peptides simples, immédiatement utilisables par notre organisme. Elle contient également un vaste spectre de minéraux et de pigments – chlorophylle, bêta-carotène et surtout phycocyanine, un pigment bleu, concentré en quantités particulièrement élevées à Orpierre grâce à l’ensoleillement exceptionnel. Ses pigments ne sont pas seulement décoratifs : la phycocyanine, par exemple, a des propriétés antioxydantes et stimule l’EPO naturel, favorisant ainsi la production de globules rouges.

spiruline d'orpierre
La spiruline : la micro-algue des débuts de la vie sur Terre, ici cultivée à Orpierre


Après avoir vécu en Polynésie, Valérie et François ont choisi de s’installer ici, dans les Baronnies, pour donner vie à leur projet exigeant : il s’agit non seulement d’une ferme de production, mais aussi un exemple reconnu mondialement pour la qualité exceptionnelle de sa spiruline. La ferme pilote est créée en 1997. Ici, la spiruline est produite de manière artisanale, dans une eau de source riche en minéraux, dans un milieu soigneusement contrôlé (pH, salinité, température) qui recrée les conditions naturelles. Le résultat : une spiruline d’une qualité exceptionnelle, dont la concentration en phycocyanine (20% contre 16% en moyenne) reflète la générosité du soleil provençal. La phycocyanine favorisant la production de globules rouges, elle est très utilisée dans le cadre de l’alpinisme pour favoriser l’acclimatation – je vais tester et vous en reparler !

spiruline d'orpierre
Spiruline et phycocyanine, les deux produits emblématiques

A la rencontre des artisans des Baronnies provençales

La beauté et la précision du geste, la richesse d’un savoir-faire hérité et transmis, l’amour du travail bien fait… Lors de notre tour des Baronnies à vélo, nous avons fait de belles rencontres avec les hommes et les femmes qui font battre le cœur de ce pays de montagnes et de soleil. Voici les artisans qui ont eu la gentillesse de nous ouvrir leur atelier pour de belles rencontres passionnées.

Marion Richaume, l’art de la poterie au cœur de Rosans

Marion Richaume est potière d’art à L’atelier de la lune, à Rosans. Internationalement reconnue pour l’élégance intemporelle de ses créations, elle nous a hypnotisées par la grâce de son tour de potier et elle est en train de transformer Rosans en un vrai village de potiers. Cette potière passionnée, à la fois artisane et visionnaire, est au cœur d’un ambitieux projet de revitalisation locale.

Marion porte de nombreuses casquettes. Déléguée régionale pour la PACA des Ateliers d’Art de France et membre actif du bureau de l’association des potiers PACA, elle est aussi présidente de l’association des commerçants de Rosans et de celle qui organise le marché des potiers du village. Grâce à son engagement, Rosans est sur le point de devenir un carrefour pour la poterie, et son travail culmine avec l’ouverture imminente d’une pépinière de potiers, un espace conçu pour accueillir et accompagner de jeunes artisans désireux de s’installer dans la région.

Marion Richaume atelier de la Lune rosans
Marion Richaume, talentueuse potière d’art et porteuse d’un projet d’avenir pour Rosans

L’idée est simple, mais audacieuse : attirer des artisans de toute la France et les inciter à poser leurs valises à Rosans. Marion Richaume va encore plus loin : elle coache ces potiers pour les amener à s’imposer sur la scène internationale, tout en ancrant leur activité dans un territoire rural. Pour elle, l’artisanat d’art n’est pas qu’une finalité esthétique : c’est un levier de redynamisation locale.

Dans son atelier, Marion Richaume crée des pièces uniques qu’elle qualifie de bijoux d’intérieur, travaillant principalement la faïence. Son style est épuré et atemporel, évoquant luxe et élégance. Son talent a été reconnu par l’obtention du label Ateliers d’Art de France, la distinction la plus prestigieuse dans son domaine. Mais son rêve dépasse largement son propre travail : il s’agit de donner naissance à un village vivant, solidaire et créatif, où la poterie est à la fois un art et une promesse d’avenir.

Marion Richaume atelier de la Lune rosans
Délicatesse fascinante du geste, beauté des créations

Thomas, la Forge de Rosans : l’art du couteau d’exception

Thomas est coutelier à La forge de Rosans et met le travail du feu, du métal et du bois au service de son art pour forger et sertir le couteau parfait. De la flamme incandescente de la forge au choix des essences boisées pour le manche, le processus nous a fascinées !

forge de rosans coutellerie d'art
La forge de Rosans : coutellerie d’art

Thomas travaille principalement avec de l’acier carbone, un matériau prisé pour sa dureté, bien qu’il soit plus exigeant à façonner. Il nous explique que la qualité d’un couteau repose sur trois piliers fondamentaux : la qualité de l’acier, le savoir-faire du forgeron et les traitements thermiques. Ces derniers jouent un rôle crucial dans la solidité et la durabilité de la lame.
Le processus de fabrication d’un couteau est une véritable chorégraphie technique. Tout commence par la forge, où l’acier est chauffé et martelé pour lui donner une première forme. Suit le recuit, une étape où la pièce est chauffée à une température rouge cerise avant de refroidir lentement dans des briques réfractaires pendant huit heures, pour détendre le métal.
Une des techniques les plus spectaculaires que Thomas utilise à la forge de Rosans est la création de lames damassées, à l’aspect strié unique. Héritée des traditions syriennes ou japonaises, cette méthode consiste à empiler des couches d’acier aux caractéristiques différentes – jusqu’à 12 morceaux alternés. Sous une chaleur intense et avec l’ajout de borax pour éviter l’oxydation, ces couches sont soudées ensemble, étirées et repliées pour former une sorte de pâte feuilletée métallique. Le résultat ? Une lame à la fois souple et tranchante, d’une esthétique fascinante avec ses reflets irisés.

forge de rosans coutellerie d'art


L’émouture, qui donne au couteau son tranchant, est réalisée à l’aide d’une meule spécifique appelée backstand. Après cela vient la normalisation : Thomas chauffe à nouveau la lame à environ 800 °C avant de la laisser refroidir rapidement à 500 °C. Enfin, il procède à la trempe, l’étape qui donne à la lame sa dureté finale. Plongée dans une huile chauffée à 60-70 °C après avoir atteint la température idéale, rouge cerise, la lame subit un refroidissement rapide qui la rend extrêmement dure – mais aussi fragile si elle n’est pas manipulée avec soin.
Mais le travail de Thomas ne s’arrête pas à l’acier. Il façonne également les manches de ses couteaux, en choisissant avec soin des matériaux nobles et variés. Son atelier abrite une véritable bibliothèque de bois : des essences locales des Baronnies comme le buis, le tilleul ou l’olivier, mais aussi des bois exotiques comme l’acajou. Toujours en quête d’originalité, il travaille également des matières plus insolites, comme la corne de mammouth extraite du pergélisol sibérien. Chaque manche, unique, complète la lame en apportant une touche de caractère et d’élégance.

forge de rosans coutellerie d'art
Forge et bibliothèque de bois, tout un processus pour aboutir à la beauté d’un couteau parfait

Chez Thomas, chaque couteau est une œuvre d’art et de passion. Nous avons adoré notre visite à la Forge de Rosans, et les couteaux superbes avec lesquels nous sommes reparties.

Natacha Fée : Terre, laine et créativité

Touche à tout créative et pleine de ressources, Natacha Fée porte bien son nom : elle a des doigts de fée. Elle tient la boutique Terre et Laine / Décofée à Garde-Colombe. Feutre, bougies, vêtements, sauvetage de pièces anciennes, elle sait tout faire, et elle nous a proposé un atelier super original où nous avons confectionné un joli objet en feutrine.

terre et laine atelier décofée en baronnies
Un atelier créatif chez Natacha Fée

Son atelier apparaît comme une véritable caverne d’Ali Baba. Ici, tout est matière à création, à détournement, à réinvention. Sur ses étagères se côtoient des savons feutrés, des bougies en cire de soja délicatement parfumées avec des essences de Grasse et des pommes des Hautes-Alpes, des bougies gourmandes qui rappellent l’odeur d’un chocolat chaud, des objets en feutre comme de petites poules de couture ou des tortues miniatures, sans oublier des sacs confectionnés à partir de vieilles chemises, et des vêtements remis au goût du jour à partir de vestes des années 60. Chaque recoin de son atelier révèle une surprise : des plantes, qu’elle multiplie par bouture et propose à la vente, des accessoires originaux, et même des coussins de yoga aux motifs raffinés conçus par sa fille. Cette atmosphère éclectique est le reflet d’une démarche à la fois écologique, accessible et résolument créative.

terre et laine atelier décofée en baronnies
Natacha Fée dans son atelier magique, entourée de ses créations variées

Au cœur de cet univers, Natacha nous invite à mettre la main à la pâte lors d’un atelier de feutrage. Le feutre, matériau ancestral obtenu à partir de laine, se façonne sous nos doigts. Il existe plusieurs techniques : le feutrage à l’aiguille, où l’on pique la laine pour entrelacer ses fibres aux « crochets » invisibles, et le feutrage à l’eau et au savon, que nous testons lors de cet atelier. Natacha nous guide pas à pas dans la fabrication d’un objet, un vide-poche.
Tout commence par le choix de la laine, aux couleurs variées. Nous apprenons que la laine feutre car ses fibres possèdent de minuscules écailles qui s’accrochent les unes aux autres. On pose d’abord la laine sur un support en papier bulle, en la croisant comme un tissage pour augmenter sa solidité. Une première couche grise, puis une de la couleur que l’on souhaite mettre en avant, et ainsi de suite. Une fois le « nid » de laine préparé, on le mouille abondamment avec de l’eau chaude mêlée à du véritable savon de Marseille. La chaleur, l’eau, le savon et la pression exercée avec les mains vont lier les fibres entre elles.
Au fur et à mesure que l’on malaxe, roule, pétrit la laine, celle-ci se rétracte, pouvant réduire jusqu’à deux ou trois fois sa taille initiale. Les fibres s’agrippent, se densifient, donnant naissance à une matière compacte, douce et résistante. On peut créer de petites boules de feutre, de nouvelles couches de couleur, des formes variées. Le processus est sensoriel, presque méditatif, et le parfum léger du savon se mêle à la chaleur de l’eau. Lorsque le vide-poche prend forme, une simple poignée de laine brute devient un objet unique que nous avons la satisfaction d’avoir nous-mêmes créés.

terre et laine atelier décofée en baronnies

Chez Natacha Fée, la création est un jeu, une expérience tactile, une célébration de la matière et de la réutilisation. Sa gentillesse fait de cette rencontre un moment généreux et inspirant. Nous repartons avec la fierté d’avoir fabriqué ces jolis objets qui prolongent dans nos mains la mémoire de notre voyage d’automne chez les artisans des Baronnies. Cette approche artisanale, humaine, est à l’image de notre périple dans les Baronnies, où chaque artisan rencontré nous a invités à repenser notre lien aux matières premières, au terroir qui nous nourrit et au geste créatif.

terre et laine atelier décofée en baronnies
La beauté des objets fabriqués et la fierté de les avoir créés !

Visiter à vélo Serres, le rocher mémoire du Dauphiné

Nous retrouvons lors de ce voyage d’automne en Baronnies un village coup de cœur de notre trek de printemps, sur le GRP Tour des Baronnies : Serres, un des emblèmes du pays de Sisteron Buëch, avec l’étrange rocher qui le surplombe et vient s’amarrer aux eaux turquoise du Buëch.
Si on parle de Baronnies provençales, Serres est elle résolument ancrée dans l’histoire du Dauphiné : son histoire passionnante et tumultueuse est associée à celle du protestantisme dans la région, et au célèbre Duc de Lesdiguières, icône des guerres contre la Savoie. Je suis fascinée par la richesse du patrimoine historique de Serres, entre maisons Renaissance aux façades de rocaille sculptée, « tombeau du juif » attestant la présence d’une ancienne communauté hébraïque, et dédale des ruelles montant raide à l’assaut des sentiers.
Serres est plus belle encore à l’automne, avec le contraste des feuillages rouges et des eaux bleues, la lumière d’octobre sur les rochers et la douceur de l’arrière-saison.

Serres en automne
La beauté de Serres en automne
Serres en automne


Nous déjeunons sur la place à l’Estaminet, un resto que j’affectionne beaucoup : je m’y suis souvent arrêtée sur la route entre Nyons dans les Baronnies drômoises et les rives du lac de Serre-Ponçon. Au bord de la fontaine et sous les grands parasols rouges se déploie une cuisine généreuse et locale : spécialités dauphinoises, comme l’iconique gratin de pommes de terres, et hautes-alpines, comme les célèbres tourtons. Je recommande en dessert la fabuleuse glace yaourt myrtille : pépite des Alpes !

Atmosphère ensoleillée à l’Estaminet

Orpierre, le village qui grimpe

Qu’est-ce que j’ai aimé Orpierre, mon coup de foudre de ce voyage ! Il est entré directement au Panthéon de mes villages préférés des Hautes-Alpes, aux côtés du hameau de Prapic à Orcières-Merlette, des villages d’alpinisme La Grave et Villar-d’Arène dans les Ecrins, ou encore de Vallouise et La Chapelle en Valgaudemar que j’ai découverts sur le GR54, et il a en commun avec eux tous d’être un authentique village de montagne.
Dès le premier regard, Orpierre est saisissant : le village est adossé à un impressionnant rocher du Quiquillon dont la silhouette iconique est devenue son emblème. Vaisseau de calcaire sculpté par une érosion féroce, il me rappelle d’autres monstres sacrés de la région, eux aussi façonnés il y a des millions d’années par les sédiments de la Téthys alpine, comme le Mont Aiguille et le Rocher de Combeau près de Châtillon-en-Diois, ou encore les reliefs biscornus du Dévoluy. Je comprends pourquoi j’aime tellement Orpierre, qui correspond tellement à tout ce que j’aime : Vercors, Dévoluy et Baronnies, cette sainte trinité de massifs un peu secrets à la bascule entre Provence et Dauphiné a sculpté depuis l’enfance mon imaginaire, comme l’eau des rivières qui érode et façonne le calcaire.

Orpierre en automne : bijou des Baronnies provençales
Orpierre, un toponyme divinement approprié, particulièrement à l’automne !


Orpierre a compris très tôt l’atout incroyable que représentent les falaises majestueuses qui le ceignent : il fut l’un des pionniers à baser son développement touristique sur l’escalade, une activité nature et sportive dont la saison d’exercice est très longue, et qui fait vivre toute une économie locale : loueurs et vendeurs de matériels, moniteurs, hébergeurs, producteurs et restaurateurs, au point qu’Orpierre est surnommé « le village qui grimpe ». Tout comme Céüse et Ailefroide, Orpierre est devenu un site incontournable de l’escalade, non seulement en France mais sur le plan international – les Hautes-Alpes sont décidément la Mecque de la grimpe ! A Orpierre, cela crée une ambiance incroyable, avec des gens bardés de cordes et de mousquetons qui défilent dans la ville, des cafés où on s’échange topos et conseils, et un office de tourisme qui porte le nom excitant de Maison de la grimpe, où un petit mur d’escalade a été aménagé à l’intérieur même du bureau.

Orpierre en automne : bijou des Baronnies provençales

La maison de la grimpe est aussi celle des produits locaux, et on retrouve sur de jolies étagères une sélection alléchante, où on retrouve lavandes et spiruline, mais aussi pâtes, confitures, bières locales à l’effigie de la grimpe (évidemment) et jolies céramiques colorées.

Orpierre en automne : bijou des Baronnies provençales

Enfin, le cœur historique d’Orpierre nous a fascinées par son labyrinthe de rues couvertes, de voûtes ouvragées et de portes sculptées : la légende dit qu’autrefois, on pouvait traverser Orpierre à cheval par les souterrains ! Comme Serres ou Châtillon-en-Diois, Orpierre est très marqué par l’histoire du protestantisme en Dauphiné, avec la présence de temples et de ruelles à demi cachées (à Lyon, on appelle ça des traboules, à Châtillon-en-Diois, des viols, le principe est le même) : on imagine bien un décor de cape et d’épée, de secrets et de clandestinité !

Orpierre en automne : bijou des Baronnies provençales
Orpierre, coup de foudre en Baronnies

Voyage d’automne en Baronnies provençales : où dormir ? Nos bonnes adresses

Lors de ce beau voyage à vélo à travers les Baronnies, nous avons fait halte dans trois hébergements de charme qui nous ont énormément séduites, et où l’accueil a été chaleureux, soigné et attentif.

Atypique détour à Rosans

Nous avons retrouvé avec bonheur Atypique détour, qui avait été notre coup de cœur de printemps sur le GRP Tour des Baronnies. C’est la seconde fois que nous arrivons chez Patricia et Jacky trempées jusqu’aux os (à pied, à vélo, on innove, mais la pluie nous poursuit à Rosans ! un comble dans ce pays si ensoleillé), et c’est la seconde fois qu’ils nous accueillent avec du café chaud, de petits gâteaux, et des pantoufles sèches et chaudes… Cette grande bâtisse fut une caserne de gendarmerie, un laboratoire élevant des serpents, d’où le caractère atypique, mais aujourd’hui, c’est une maison d’hôtes délicieusement cosy à la déco douillette et où on se sent chez soi. La terrasse avec vue sur les montagnes des Baronnies nous cesse de nous émerveiller, et on adore les repas maison de Patricia !  

atypique détour rosans
Douceur et saveurs à Atypique détour
atypique détour rosans

On en profite pour faire un petit tour au très beau prieuré clunisien de Saint André de Rosans, fondé en 988 et qui reste une référence du roman provençal.

Le prieuré de Saint André de Rosans
Le prieuré de Saint André de Rosans

L’Hôtel Logis le Céans à Sainte Colombe

Situé à Sainte Colombe, à deux pas d’Orpierre, l’hôtel est situé dans un immense parc arboré avec piscine, que l’automne sublime. A table au restaurant, tout est automnal, local et délicieux : olives de Nyons, courges, citrouilles et quinoa produit dans les Baronnies, fabuleux fromages des Hautes Alpes, notamment une tomme brossée au génépi, avec des présentations soignées et une très belle déco de saison. Nos chambres sont confortables et l’accueil chaleureux – une jolie halte, très appréciée des cyclistes mais aussi des motards ! A noter qu’en été, la grande piscine doit faire le bonheur des voyageurs… une jolie adresse.

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L’hôtel Logis Le Céans à deux pas d’Orpierre, son parc arboré aux teintes automnales…
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… et son restaurant ancré dans le terroir !

La clef de sol à Trescléoux

Coup de foudre pour cette chambre d’hôtes singulière et charmante au cœur du beau village de Trescléoux, chez Jacqueline et Jean. Il s’agit d’une ancienne maison de village typique du sud de la France, impressionnante par sa taille et ses volumes dissimulés au détour d’une ruelle du village – difficile de soupçonner un tel espace derrière la jolie façade ! Chaque chambre est vraiment particulière, avec son architecture ancienne, ses volumes irréguliers, sa décoration typique de la Provence, sa bibliothèque remplie de livres passionnants sur l’histoire de la région… Jacqueline est très investie dans les traditions locales : elle participe au marché aux fruits et légumes anciens d’Orpierre, et sait confectionner les « pistoles », prunes d’ici préparées selon la méthode ancestrale ! Quant à Jean, il est le maire de Trescléoux, lui aussi féru d’histoire… et de musique : après un excellent dîner de saveurs automnales, nous avons eu droit à un joli récital de piano sous les hautes voûtes du salon. Nous avons adoré cette adresse si chaleureuse et particulière.

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La clef de sol à Trescléoux
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Le charme ancien et typiquement provençal de ma chambre
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Jacqueline et Jean : un couple mélomane et amoureux des traditions de Haute Provence
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Une bulle de douceur en Baronnies provençales

Notre coup de cœur pour les Baronnies provençales se renforce à chaque voyage. Un grand merci à Sisteron Buëch et au Parc Naturel Régional des Baronnies provençales pour leur accueil, et à toutes les personnes qui se sont occupées de nous. On se sent en famille ici. La prochaine fois, à cheval ?

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